C'est un spectacle fantastique ! Ailes déployées, prêts à l'envol, qu'ils soient colibri, pélican ou condor, les oiseaux géants de Nazca impriment de toute leur puissance immobile l'écorce du désert péruvien.

En compagnie d'une trentaine de figures animales (singe, lézard ou araignée), ils ornent 450 km² d'un plateau aride en bordure du Pacifique. Ces géoglyphes immenses sont l'ouvre des Nazcas, dont la civilisation a fleuri au pied des Andes entre le Ve siècle av. J.-C. et le VIIIe siècle apr. J.-C. Pour les apercevoir, il faut se rendre à 400 km au sud de la ville de Lima. Et pour en prendre toute la mesure, s'élever de quelques dizaines de mètres... Pourquoi avoir réalisé de telles allégories ? Et comment les avoir exécutées en restant au niveau du sol ? Les spécialistes tentent de percer le mystère depuis plusieurs décennies.
"En dissociant ces ouvres gigantesques des autres productions nazcas, l'imaginaire universel n'a retenu que les estampes démesurées rencontrées dans le désert, sans tenir compte de l'ensemble culturel auquel elles étaient reliées", explique l'archéologue Patrice Lecoq, maître de conférences à l'université Paris Panthéon Sorbonne, spécialiste du Pérou et de la Bolivie. Car les Nazcas n'étaient pas seulement des créateurs de dessins gigantesques ! Mais aussi des bâtisseurs, et les auteurs de productions textiles remarquables. À quelques kilomètres des cèlebres figures se trouvent les vestiges de la cité de Cahuachi, épicentre des Nazcas. Quand, à l'aube de notre ère, ses habitants tracaient des alignements sur le plateau, il s'y dressait 32 pyramides en adobe. L'une d'entre elles, monumentale, s'élève d'ailleurs toujours dans les sables du désert. L'ensemble des géoglyphes est donc raccorder à une cosmogonie complexe dont Patrice Lecoq remonte la trame : "Civilisation de tisserands, habitués à manier de longs fils, les Nazcas ont reproduit au sol, en s'aidant de cordages manipulés à partir de points fixes, les mêmes motifs que ceux qui ornaient leurs poteries ou les précieus, textiles qui ont fait leur notorieté. S'inspirant de modèles miniatures, ils en multipliaient les dimensions jusqu'à obtenir la version souhaitée. Ensuite, il leur suffisait de gratter les dépôts superficiels du désert caillouteux pour faire ressortir, en négatif, le sol de gypse plus clair situé aud-essous. Du côté des interprétations, diverses extravagances ont bien entendu surgi vers le milieu du siècle dernier - pistes pour extraterrestres, entre autres.
Plus sérieusement, plusieurs hypothèses ont été formulées depuis les années 1970. Selon les spécialistes, la plus vraisemblable est qu'un système complexe liait les géoglyphes à des calendriers agricoles et des lieux de cultes rituels dédiés aux différentes divinités du panthéon des Nazcas. Peuple d'agriculteurs installé dans le bassin du rio Grande, ils en avaient partiellement détourné les eaux pour irriguer leurs terres. Ingénieux hydrauliciens, ils avaient mis en place un système proche de celui des qanats orientaux, creusant sous terre de profondes galeries pour apporter l'eau nécessaire à leur agriculture. Aujourd'hui encore, sur des kilomètres, des puquios (puits en spirale) permettent d'atteindre les nappes phréatiques. "Les Nazcas possédaient une grande connaissance du parcours des eaux souterraines, qu'ils suivaient à travers le désert grâce à cet ingénieux système, poursuit Patrice Lecoq. Il existe un lien évident entre certains des tracés de surface, l'eau et l'agriculture. Même si, du fait du jeu des failles sismiques, dans cette région régulièrement bouleversée par des tremblements de terre, des trajets ont été modifiés au cours des siècles, nombre de corrélations devenant obsolètes".

Itinéraires sacrés : D'autres hypothèses font aussi des dessins nazcas des itinéraires sacrés. Parcourir ces figures était peut-être un moyen de communiquer avec des entités invisibles, en s'assimilant aux divinités surnaturelles représentées au sol. "En Bolivie, de nos jours encore, des groupes suivent en dansant des tracés dans la montagne, en parcourant le chemin du Serpent céleste, Amaru, la Voie lactée", indique Patrice Lecoq. D'autres interprètent ces géants visibles du ciel comme des offrandes destinées à Kon Tiki Viracocha, le démiurge principal de la côte pacifique. "Ces hypothèses ne s'excluent d'ailleurs pas", estime Patrice Lecoq. Reste que si les lignes de Nazca ont marqué les esprits, elles ne sont pas uniques. D'autres géoglyphes existent au nord du Chili, dans le désert d'Atacama, à 800 kilomètres de là.

Nazca, au Pérou, est un des sites les plus étranges du globe.

Au ras du sol, le décor ne paie pas de mine : une étendue désertique recouverte de cailloux. Mais dès qu'on prend de la hauteur, le paysage s'anime. Le sol apparaît comme gravé de milliers de lignes droites, de figures géométriques et de dessins géants, tel ce curieux bonhomme de 30 m de long qui semble faire un salut de la main !

Ces motifs immenses sont extrêmement bien préservés. Pourtant, ils ont été dessinés (en ôtant des pierres du désert) par les membres d'une civilisation disparue, les Nazca, il y a plus de 1200 ans ! À quoi pouvaient servir ces dessins, qui ne sont visibles que depuis le ciel ? Quelle est leur signification ? C'est encore une énigme pour les préhistoriens.

À 450 km au sud de Lima au Pérou, apparaissent sur des grands plateaux, les fameuses lignes de Nazca. Sur plus de 500 km², sont gravées à même le sol 70 figures immenses représentant des animaux ou des végétaux d'une originalité et d'une géométrie incroyable. Le plus étonnant, reste que ces figures ont plus de 2500 ans et que personne ne peut expliquer comment elles ont été réalisées.

Entre l'océan Pacifique et les Andes péruviennes, un plateau désertique porte les marques immenses et mystérieuses d'une civilisation disparue il y a plus de 2500 ans : les Nazca. Dans cette région désertique, d'étranges lignes ont été tracées sur plus de 500 km². Des lignes qui représentent des formes géométriques, des animaux, des plantes et qui ne sont visibles que du ciel. Les tracés de Nazca ont été découvert au début du XXe siècle, lors d'un survol de la région en avion. 18 représentations animales sont alors identifiées, gravées dans le sol, dont un singe de 135 m, une araignée, un condor. Les figures qui peuvent atteindre jusqu'à 1 km de long. Et si ces formes ne sont visibles que du ciel, un question se pose alors. Pour qui ? Par qui ? Et pourquoi ont-elles été tracé ?

"En réalité, il n'y a pas d'explications convaincantes. Ce qui a donné cours à de nombreuses hypothèses dont certaines extravagantes. Par exemple, on dit qu'elles ont été faites par des personnes capables de voler, donc des personnes venues du ciel. C'est une hypothèse que beaucoup de Péruviens veulent croire". Certaines lignes ressembleraient même à de gigantesques pistes d'atterrissage. Et plus surprenant encore, cet étrange dessin baptisé par le Péruvien, l'homme extraterrestre. Pour tenter d'élucider le mystère qui entoure ces lignes, il faut s'en référer aux traditions Nazca qui proposent différentes hypothèses. "Plusieurs hypothèses ont été avancées. Un calendrier solaire qui reflète les astres, des canaux d'irrigation très utiles dans cette zone aride. Et ces derniers temps, une nouvelle hypothèse a été mis en avant par les archéologues : ces figures auraient servi à des rites religieux". Alors, rites funéraires, observations astronomiques ou signes d'une présence extraterrestre ? "Il n'y a pas de conclusion réellement satisfaisante. Ces lignes de Nazca restent une énigme pour les spécialistes qui reconnaissent leur impuissance à expliquer comment ces dessins ont été faits, pourquoi, et pour qui ! Nul ne peut contester ce formidable trésor archéologique laissé par un peuple qui a souhaité immortaliser les traces d'un savoir. Les années se suivent et les lignes de Nazca continuent à stupéfier les touristes, et a déconcerter les historiens. Leur message peut être inscrit dans le sol, mais le désert refuse toujours de dévoiler ses prodigieux secrets".