Les Nouvelles Plaies d'Égypte : Secrets de Giza

4 ème Plaie : Des Liens Contre Nature

Les missions abordées à présent témoignent non seulement de l'inacceptable loi du silence qui règne sur le plateau, mais aussi du peu de cas qui est fait de l'opinion publique. Elles sont la preuve du grand mépris que l'on éprouve à l'égard de l'archéologie sérieuse et véritable sur le site des grandes pyramides, et surtout, elles font apparaître comme une évidence toutes les motivations douteuses de ceux qui les ont financées. Les points communs confondants de ces explorations et les liens inextricables qui existent entre certains acteurs ne manqueront pas d'alerter le lecteur averti.

Nous allons relater à présent les étranges relations qui existent entre le SRI, institution sérieuse et hautement technologique, et une fondation beaucoup plus "floue" et en tout cas sans aucune prédominance scientifique : l'ARE (Association for Research and Enlightment), la fondation se prévalant et prônant les travaux du grand médium américain Edgar Cayce ; fondée du vivant de celui-ci puis reprise par son fils à sa mort en 1945. Cette relation nous intéresse au plus haut point, car il se trouve que l'ARE finança - pour faire des recherches autour du Sphinx en 1977 et 1978 - l'une des plus grandes organisations scientifiques au monde, le SRI, pourtant déjà très riche elle-même.
Ce financement devait s'élever à une hauteur avouée de 100.000 dollars... C'est le Dr Dolphin qui négocia pour le compte du SRI ce contrat avec l'ARE. En effet, comme nous l'avons vu auparavant, le Dr Dolphin avait déjà travaillé, entre autres, à Giza en 1974, pour le compte de l'US National Science pour "tester des détecteurs pénétrant le sol". Comme nous l'avons vu, il avait fait alors un rapport négatif de son expédition, affirmant en particulier que son équipement ne parvenait pas à capter suffisamment bien le sous-sol de Giza. Il n'avait rien trouvé, disait-il, alors que dans d'autres expéditions et terrains similaires, en Israël par exemple, ce même matériel avait parfaitement fonctionné. C'est fou de constater à quel point on ne trouve jamais rien à Giza dès qu'il s'agit d'explorations ambitieuses reposant sur de la haute technologie !
Quoi qu'il en soit devinez maintenant ce qui était marqué sur la demande de permis de fouille à la ligne "motif"de l'exploration SRI/ARE de 1977 ? Je vous le donne en mille, il était inscrit : "Recherche de la "Salle des Registres" ou "Salle des Archives" ("Hall of Records")". Or, cette salle n'est rien moins que l'hypothétique endroit révélé par les visions d'Edgar Cayce, où serait enfermé une bibliothèque d'origine Atlante contenant l'explication de l'origine humaine. Selon le grand médium ces archives se trouveraient sous le Sphinx de Giza.

QUESTIONS

À ce stade plusieurs questions viennent à l'esprit. Je vais tenter d'y répondre, bien conscient que ces réponses engendreront de nouvelles interrogations.
1/ Comment et pourquoi une institution aussi sérieuse que le SRI (même si elle n'en a jamais fait publiquement étalage, la "salle des archives" était bien l'objectif mentionné en toutes lettres sur le permis), collabore à une recherche hypothétique à connotation occulte au risque de ternir sa réputation scientifique ?
2/ Comment l'ARE a-t-elle réussi à convaincre les dirigeants du SRI ?
3/ Sachant qu'ils ne pouvaient plus reproduire les erreurs et les maladresses du passé, à savoir l'absence d'archéologues dans les expéditions précédentes du SRI, quel archéologue allaient-ils bien pouvoir trouver ? Qui accepterait de cautionner une recherche si peu conventionnelle sans tenir compte de l'origine du financement ?
4/ Enfin, qu'est-ce donc que cherchaient réellement le SRI et l'ARE ?

UN RAPPEL HISTORIQUE

En fait, cette aventure passionnante commence à Giza à l'automne 1957. Elle débute en effet par le voyage de deux Américaines qui font une traversée d'un mois en mer depuis New-York et qui finissent par résider au YMCA, au Caire. L'une de ces femmes a 27 ans et se fait appeler Rhonda James, mais son vrai nom est Marjorie Hansen. Toutes deux viennent de la part de l'ARE, mais elles ne sont ni officiellement mandatées, ni financées. Leur projet secret est de trouver la fameuse salle des archives de Cayce. Il faut dire que le moment est particulièrement mal choisi. Un an auparavant l'Égypte était en guerre contre l'Angleterre, Israël et la France à cause de la nationalisation du canal de Suez. Une lourde suspicion pesait encore sur tous les étrangers séjournant en égypte. La plupart avaient d'ailleurs évacué le pays et n'était pas revenu. En outre, mes amis ici au Caire, me disent qu'en 1957 le plateau de Giza fourmillait de police et de gardiens. Bref, deux jeunes américaines cela devait se remarquer ! Or, on ne sait trop comment, mais Marjorie obtint des autorités égyptiennes la possibilité de forer des trous de 3 mètres à la base du Sphinx ! Les forages étaient manuels, et à 8 pieds, les deux exploratrices trouvèrent de l'eau. Cela n'est pas très étonnant puisque l'automne est la saison où l'eau du Nil monte considérablement.
Mes recherches sur ces deux femmes m'ont amené à retrouver leur trace à l'ancienne EAO (Egyptian Antiquities Org). Ces quelques documents consistent surtout en des rendez-vous et je dois dire que je n'ai retrouvé aucune trace de permis ou d'autorisations quelconque. Marjorie Hansen dit d'ailleurs qu'elles n'en avaient pas vraiment. En guise de permis, raconte-t-elle, il fallut donner 300 dollars en travellers chèques à des "autorités sur place".
Cette version semble peu vraisemblable compte tenu de la situation géopolitique de l'époque. L'entreprise était bien trop voyante, et le nationalisme égyptien bien trop exacerbé. Aucune autorité n'aurait demandé un bakchich au risque d'être immédiatement dénoncée, suspendue et emprisonnée. Divers services de la police et de l'armée se trouvaient sur les lieux en cette période, ce qui réduit considérablement les possibilités de corruption. Et franchement, deux jeunes femmes creusant devant le Sphinx cela ne pouvait pas passer inaperçu. Décidément ce n'est pas très sérieux.
Je souligne ce "détail" pour mettre en évidence la chose suivante : si deux jeunes femmes sans aucune qualification, ni autorisation, ni financement, arrivent à forer, dans un but pouvant passer pour très douteux, des trous sur le site de l'un des plus célèbres patrimoines de l'humanité, alors que le moindre permis de "gratter" sur ce plateau demande (même à l'époque) des tonnes de justificatifs administratifs, c'est que des liens du genre "indestructibles" existent entre elles et l'ARE et certaines des plus hautes autorités égyptiennes de l'époque. Voilà qui est dit. Alors qui sont ces deux femmes ? Et pourquoi est-il si difficile de trouver des renseignements sur elles ? Dans son rapport pour l'ARE, Marjorie notera que ces forages sont prometteurs et qu'il faudra faire d'autres expéditions.
À l'époque l'ARE n'a ni les experts scientifiques ni le financement pour le faire. Les dirigeants de la fondation décident donc de se doter d'un archéologue "maison" auquel ils paieront la formation universitaire. Ils choisissent ce candidat dans une famille entièrement acquise aux enseignements de la Fondation Cayce. C'est ainsi qu'en 1971, le jeune Mark Lehner fait son entrée à la Fondation ARE, à Virginia beach, où il est accueilli comme résident permanent pendant deux ans.

QUI EST EDGAR CAYCE ? ET QUELLES SONT SES FAMEUSES PROPHÉTIES ?

Edgar Cayce, à l'origine un modeste photographe de province, était selon beaucoup de sources, le plus grand médium du 20è siècle. Il est surtout connu pour ses remarquables résultats concernant les diagnostics de santé sur les gens. Selon une quantité de médecins et de témoins considérables, il aurait sauvé grand nombre de personnes atteintes de pathologies difficiles à diagnostiquer. Pour procéder, il se mettait en demi-sommeil et était capable avec juste un nom et une adresse de donner la description à distance du patient et de sa maladie avec ses causes (un guérisseur ?). C'est ce qu'il a appelé les fameuses "lectures de vie". Je ne vais pas m'étendre car beaucoup de livres traduits en français existent à son sujet et Edgar Cayce est aujourd'hui admiré par des milliers d'américains qui le considèrent comme le plus grand médium de tous les temps. Cependant au vu des connaissances actuelles, j'appellerais plutôt la pratique d'Edgar Cayce du Remote Viewing (RV) ou Vision à distance, ce qui est très différent de la voyance ou de la médiumnité. Le Remote Viewing, c'est en effet la capacité à projeter ses ondes cérébrales sur l'indication de simples chiffres, ou lettres, ou coordonnées GPS, et de pouvoir voir et sentir des choses dans le moindre détail, à distance, dans le présent mais également dans le passé et le futur. Les physiciens rangent cela dans la catégorie des phénomènes liés à la non-localité. Si en Europe cette capacité est encore méconnue, elle n'est plus du tout exotique outre-Atlantique, où elle est pratiquée presque exclusivement par des militaires de carrière collaborant avec des scientifiques (voir à ce sujet le livre de l'officier Jim Schnabel, "Espions"). Je souligne ce point pourquoi ? Tout simplement parce que la majeure partie des Rviewers américains collaborent avec le SRI dans des programmes scientifiques et militaires. C'est ainsi que l'on retrouve le fameux Rviewers Ingo Swann mandaté par le SRI pour aller faire une "reconnaissance" du Sphinx dans les mêmes années 70... étrange non ? En fait, on retrouve le SRI partout ! Croyez-vous que ce soit un hasard ? Toujours est-il que Cayce s'était lancé dans des sortes de prophéties prises au pied de la lettre par des milliers de gens dans le public. Deux d'entre elles nous intéressent tout particulièrement. Les deux fils d'Edgar Cayce, Edgar Evans et Hugh Lynn vers 1939 (<-).
1ére prophétie : selon son fils Hugh Cayce, son père l'aurait faite en 1923 (mais rien n'est sûr), il aurait annoncé que : "Des chambres existeraient sous le Sphinx".
2éme prophétie : en 1933, "Qu'une salle se trouverait entre le Nil et les pattes avant du Sphinx, et que l'on pourrait y accéder par la patte droite du Sphinx et à travers des tunnels et d'autres chambres. Que cette chambre serait en quelque sorte une salle d'archives Atlante..."
Qui voudra décortiquer ces prophéties viendra inévitablement à douter de leur primeur et originalité. Il n'est pas dans mon intention d'entacher la mémoire d'Edgar Cayce que je considère comme quelqu'un ayant servi de nobles causes humanitaires et ayant de grands dons. Néanmoins, il est intéressant de se pencher sur les motivations l'ayant poussé à se préoccuper de ce qui pouvait se trouver sous le Sphinx. Pour certains auteurs, Cayce aurait été un Franc-maçon et un Rose-Croix. Cela l'aurait sensibilisé aux thèmes de l'homme et de son éventuelle origine Atlante, et à la recherche de documents prouvant selon lui une "véritable" préhistoire de l'homme. Pour Cayce et ses amis, la fameuse Salle des Archives devait absolument exister et contenir une bibliothèque d'informations vitales venant de l'Atlantide, c'est-à-dire pour eux : datant de 12.500 ans. Convenez avec moi que de telles assertions, fondées ou non là n'est pas la question, auraient dû se révéler très choquantes pour des institutions comme le SRI... ce n'est apparemment pas le cas. Il fallait retrouver, selon les amis de Cayce, ces Archives pour pouvoir construire une "nouvelle Atlantis" sur des bases solides, ce qui paraît-il est un thème récurrent Rose-croix (www.tribwatch.com/records.htm ). Une sorte de Nouvel Ordre Mondial en somme...

QUE PENSER DES PROPHÉTIES ?

En ce qui concerne la première prophétie de Cayce (encadré ci-dessus), il faut savoir qu'en 1923, il y avait déjà eu de nombreuses expéditions au Sphinx (dont une en 1870 de l'université de Chicago), et n'importe qui sur les lieux à cette époque en voyant le Sphinx ensablé partiellement pouvait penser et imaginer qu'il devait y avoir des chambres en dessous. C'est même la première idée qui venait à l'esprit des visiteurs. Donc rien d'extraordinaire dans cette prophétie. Sauf que Cayce a réveillé l'intérêt de milliers d'américains pour l'Égypte et Giza, liant l'histoire du plateau à celle de nos lointaines origines...
Pour la deuxième prophétie, même si Cayce l'a faite en toute bonne foi, ce dont je ne doute pas, il faut savoir qu'il existe des documents archéologiques attestant de façon inattaquable la découverte de tunnels et de chambres souterraines dans cette zone à Giza dès 1930 ! Nous tenons cela du plus grand archéologue égyptien : Selim Hassan (1886-1961) qui a écrit 16 volumes d'études sur "Les résultats des excavations à Giza". À propos de Selim Hassan, nous pouvons dire en voilà un au moins qui publie ses résultats. Remarquable "Encyclopedia of Ancient Egypt". C'est tout à son honneur, en comparaison de ce qui se passe aujourd'hui et qui tombe systématiquement sous la loi du silence. Mais comme c'est curieux, on ne lui fait aucune publicité ! Il est difficile de se procurer ses volumes, ce qui n'étonnera pas les chercheurs de vérité. On en trouve encore quelques-uns mais à des prix prohibitifs. Rappelons au passage que c'est Selim Hassan qui dégagea le Sphinx et son temple. Il fut le premier égyptien à occuper une chaire d'égyptologie. Il publia 170 autres livres sur l'archéologie en Égypte. Enfin ce passionné infatigable creusa à Giza de 1929 à 1937, puis à Saqqara.

Que nous apprend donc Selim Hassan en 1930, à propos de la zone souterraine du Sphinx : "... II y a des sanctuaires à colonnes, des couloirs, des temples et des chambres de rituel". Dans "Excavation à Giza" Vol.5, le Professeur Hassan nous dit : "à travers l'eau transparente nous avons vu que cela finit par un hall à colonnes avec des chambres latérales". Il essaya de pomper l'eau sans succès pendant 4 ans.
Donc le moins que l'on puisse dire c'est que la prophétie de Cayce n'est pas un scoop, loin s'en faut ! Alors pourquoi l'utiliser pour fomenter toutes ses recherches et surtout pourquoi occulter des découvertes déjà faites ultérieurement ?

Mais il y a encore plus accablant : Selim Hassan avait aussi, lors de son exploration de la zone du Sphinx, déterré 60 tablettes déposées là, dans les temps anciens par des pèlerins. Or sur ces tablettes écrites et dessinées, le Sphinx est presque toujours représenté reposant sur un haut piédestal avec une porte. On lit aussi sur ces tablettes des allusions au "sanctuaire de Sokar" comme étant le Sphinx, ou "chambre de Sokar", le dieu de la chambre secrète... De même figurent les mêmes représentations sur les murs du tombeau de Thutmosis III, Amenophis II, et sur la paroi de la deuxième boîte-sarcophage en or de Thutankhamon où est inscrit, "Le Livre de ce qui existe dans le Monde d'en dessous", appelé également : "Livre de l'Amduat". Sur ces murs le Sphinx est décrit avec une chambre secrète dans un endroit nommé : "Rostau" ou "Rosetau" (selon la façon dont on le prononce) : la place secrète.

LE LIVRE DE L'AMDUAT ET LE LIVRE D'AKER

"Le livre de l'Amduat" était un texte funéraire égyptien divisé en 12 portes. Les Égyptiens le nomment habituellement le "Livre de la chambre secrète". Des experts égyptologues le décrivent comme un livre crypté car protégeant le secret de formules mystérieuses. Aker était souvent représenté par deux lions ne se regardant pas et veillant au centre, une terre étroite, le soleil et l'horizon. L'un des lions se nommait "Sef" et l'autre "Tuau", "Hier et aujourd'hui".
Il semble qu'à l'origine Osiris dans les temps archaïques était un Dieu plutôt agraire - d'où sa couleur verte -, jusqu'à la IVè dynastie, puis usurpa le rôle du dieu Sokar qui régnait sur le monde souterrain des morts.
Il existe aussi "Le Livre d'Aker" présent dans quelques tombes du Nouvel Empire dans la vallée des rois à Thèbes. (Ramsès III, VI, VII, IX, la tombe de Pedamenotep...). "Aker" au pluriel donne "Akeru" qui sont les divinités primordiales de la Terre. Aker est le gardien du monde souterrain. Il veille sur le soleil levant et couchant et veille sur la résurrection des défunts. Dans ce "Livre d'Aker" appelé aussi "Livre de la Terre", on voit représenté le Sphinx aussi en double, ouvert avec une paire de bras sortant le soleil (Ra) de l'intérieur du Sphinx. Et les dieux autour élevant et sortant des barques sacrées... Dans les textes on parle d'une momie "rayonnante", cachée sous le sphinx Aker. Parfois les textes identifient cette momie au corps de Ra et parfois au corps d'Osiris.

Or, Giza s'appelait à l'époque Rostau, et était considéré comme le sanctuaire de Sokar, le dieu de la chambre secrète. Plus loin dans les tombes, on nomme également le sphinx Aker, le gardien de l'entrée du monde souterrain. D'autre part, l'explorateur de Nouvelle Guinée et des Mers du Sud Edward Armytage (<-) semble aussi avoir découvert à Giza des chambres souterraines et même une ville secrète en 1933/35.

Ajoutons enfin que, depuis longtemps, les Rose-Croix prétendent organiser sous le Sphinx des réunions initiatiques réservées aux plus hauts degrés. Ils accèderaient à cet endroit en empruntant un passage secret situé entre les pattes avant. Ce passage n'aurait-il pas été découvert au moment du désensablement du Sphinx, c'est-à-dire bien avant que ne soient faites les prophéties de Cayce ?

Ces exemples suffisent à démontrer que les prophéties de Cayce n'avaient rien de... prophétiques. Tous les indices de la présence d'une chambre secrète sous le Sphinx étaient déjà connus et mentionnés par les textes de l'Égyptologie. Le seul élément nouveau de Cayce était finalement le mot : Atlante.

À PROPOS DE MARK LEHNER

Revenons maintenant au jeune Mark Lehner. Ses parents de Sacramento étaient des supporters des travaux d'Edgar Cayce et emmenaient le petit Mark à la plupart des conférences de l'ARE. Dès son entrée en résidence à l'ARE, Lehner et tout un groupe de jeunes sont envoyés en voyage d'étude à travers l'Europe et l'Égypte.
On raconte qu'à Giza, il abandonna le groupe et qu'il disparut une journée entière. Ce serait ce jour-là qu'il aurait pris la décision d'exercer un métier en rapport avec les merveilles de l'Égypte. Dès son retour à la Fondation et pendant toute l'année 1972 et une partie de 73, Lehner rechercha tous les documents de Cayce concernant ses "lectures" en rapport à l'Égypte. De cette compilation, il fit un livre : "The Egyptian Heritage, l'héritage égyptien" (ARE press book).
Hugh Lynn Cayce pensa alors que son protégé serait la personne idéale pour représenter l'ARE en Égypte. Et quand Lehner lui demanda une lettre de recommandation pour pouvoir entrer à l'université Américaine du Caire (AUC), il n'hésita pas et s'exécuta. Il se trouve d'ailleurs que le responsable des admissions était un fervent admirateur de Cayce. Lehner fut accepté. Hugh Cayce demanda le financement des études au Caire du jeune Lehner à un couple de Floride : les Ogden qui offrirent 3500 dollars par an (en 72). Il y eut également un financement de la part d'un autre supporter de l'ARE, le mystérieux homme d'affaire de Virginie, Joseph Jahoda dont nous entendrons reparler.
Lehner arriva au Caire en 1973 juste quelques semaines avant la guerre du Yom Kippour. Alors que l'université Américaine du Caire fermait et que tous les Américains fuyaient, Lehner resta et devint l'assistant du correspondant au Caire de NBC. Sur place, il pouvait compter sur Rufus Mosley, un ami de Hugh Cayce. Pilote de ligne commerciale, Mosley faisait des vols hebdomadaires pour Le Caire. Il entretenait des liens avec des Égyptiens haut placés et il apporta son aide à Lehner. Nous pouvons constater que rien n'était laissé au hasard. Même en pleine guerre, tout reflétait la parfaite maîtrise d'une superbe organisation...

C'est en 1974 que Lehner rencontra pour la première fois au Caire celui qui allait devenir l'inspecteur en chef et "maître" incontesté du plateau de Giza : Zahi Hawass, le directeur actuel du Conseil Suprême des Antiquités (SCA). L'homme exerce aujourd'hui encore les pleins pouvoirs sur le site. À l'époque Hawass était un jeune archéologue de 27 ans. Hawass raconte dans un article en ligne sur le site web de "AI-Ahram'~ l'équivalent du journal "Le Monde"au Caire, daté du 5 septembre 2002, qu'il rencontra Lehner pour la première fois chez un ami commun. Lehner se présenta comme étudiant en anthropologie à l'AUC et dit s'intéresser à l'égyptologie. Hawass l'invita dans ses bureaux aux Pyramides. C'est là que Lehner lui raconta l'histoire de Cayce et comment il avait sauvé, par son don, son fils Hugh Lynn qui commençait à devenir aveugle malgré toutes les consultations médicales. Il raconta aussi que Cayce était convaincu d'être la réincarnation d'un certain Ra-Ta, sorte de grand prêtre fuyant en Égypte la destruction de l'Atlantide, et ayant déposé au pied du Sphinx, sous la patte droite, tout le savoir Atlante. Dans son article de 2002, Hawass ne peut s'empêcher cette réflexion : "Comment un homme du Dakota du Nord qui vint en Égypte pour explorer une telle légende peut être actuellement un professeur émérite de l'Université de Chicago ?" Ce qu'est effectivement Mark Lehner aujourd'hui. Zahi Hawass essaya de raisonner son nouvel ami en lui disant que personne ne le croirait car cela n'avait aucun fondement scientifique. Lehner lui répondit que pourtant des milliers d'Américains le croyait. Hawass écrit : "Je pensais alors que c'était une extravagance américaine..."
Puis, il admet avoir rencontré Hugh Lynn Cayce (->) en 1975, présenté à lui par son ami Lehner. Hugh Cayce lui-même lui aurait dit que bien qu'il croyait fortement aux travaux de son père, il avait des doutes en ce qui concerne les "prophéties égyptiennes" mais qu'il se devait de poursuivre les investigations car il était sous la pression de sa Fondation : http://weekly.ahram.org.eg/2002/602/hr2.htm.
Hawass a beau faire le sceptique, il y a quand même une chose qui me chiffonne. Figurez-vous que c'est aussi l'ARE qui finança les études de Doctorat en égyptologie (à l'université de Pennsylvanie entre 80 et 87) de Zahi Hawass ! Après cela comment voulez-vous rester neutre ? C'est un peu comme si le conservateur en chef d'un monument français comme le Mont Saint Michel avait eu ses études et doctorat payés par une Fondation (d'un médium qui plus est), pour qu'il les fasse à l'étranger... Ce n'est pas un peu étrange ça ? Comme si en Égypte il n'y avait pas de fabuleuses chaires d'égyptologie !
Ainsi, nous avons l'archéologue le plus connu à Giza aujourd'hui, et le responsable égyptien de tout le plateau qui ont eu leurs études payées par la même Fondation étrangère. Vous croyez toujours au hasard ? En 1976 se présente une opportunité d'inclure Lehner qui n'a pas encore son doctorat - il l'obtiendra à Yale en 1990 -, dans un travail officiel, archéologique en égypte. L'Institut d'Antiquité et de Christianité à Claremont et l'université junior de Brigham l'accueillent pour étudier les textes coptes gnostiques. C'est le Projet Nag Hammadi. L'ARE finança modestement le projet à hauteur de 2500 dollars. Et c'est ainsi que Lehner put débuter un véritable travail de creusement archéologique insitu.
Il rencontre le Dr Dolphin du SRI à son retour au Caire la même année. Or le biographe de Hugh Cayce, A. Robert Smith nous explique que le Dr Dolphin, fin 1977, voyagea jusqu'à Virginia Beach pour rencontrer les responsables de l'ARE, et finalement signer un contrat avec eux, pour lancer l'expédition "Projet Sphinx". Et voilà, nous allons enfin pouvoir raconter cette fameuse expédition à Giza SRI-ARE 77/78 : "Sphinx Project". Vous en savez maintenant suffisamment pour en apprécier chaque petite nuance !

LE PROJET SPHINX

D'abord, ce qui est curieux dans cette histoire, c'est que selon Mark Lehner lui-même (d'après les informations de Robert Bauval), ce serait le Dr Dolphin qui "poussa" l'ARE à commanditer sa recherche à Giza de la fameuse Salle des Archives. Pourquoi l'homme du SRI insiste-t-il auprès de l'ARE, alors que comme nous le verrons, il n'aura jamais l'air de vraiment s'intéresser à cette Salle. Quoi qu'il en soit, Hawass, devenu cette année-là le chef inspecteur de tout le plateau de Giza, donne immédiatement le permis de fouille à l'ARE. Et là, une entité nouvelle entre en scène. Il s'agit du RSI "Recovery Systems International" créé apparemment de toute pièce pour cette expédition. On s'amusera de constater la similitude du sigle avec celui du SRI.
Ce n'est que vers 1995 que l'on aura quelques maigres informations sur le RSI. Son nom n'apparaîtra ni dans le très maigre rapport du SRI, ni dans celui de l'ARE, ni à l'EAO égyptienne. Pourtant le RSI va jouer un rôle fondamental dans cette exploration SRI/ARE. Chargé des forages, ce groupe privé du Milwaukee, investisseur également dans l'opération, se trouvait en permanence sur le chantier. On a raconté que derrière le RSI se cachait un chasseur de trésors qui avait investi 100.000 dollars dans le projet. La similitude de la somme avec celle du financement de l'ARE, ne vous aura sans doute pas échappé. Or des années plus tard on découvrira que derrière le RSI se trouvait en réalité le Dr Joseph Jahoda. Il se trouve que le Dr Jahoda est non seulement le président d'Astron corp, entrepreneur pour le département de la Défense et pour la Nasa, spécialiste en systèmes de radio-communication, mais il est également un membre éminent de l'ARE ! Le RSI obtint toutes les licences et autorisations pour faire de l'exploration dans la Grande Pyramide et la nécropole de Giza. Après quoi il entra en action en qualité d'équipe de forage pour le compte de l'ARE et le SRI. Ainsi, l'ARE prend le RSI sous contrat pour faire les forages, et le SRI pour les études de résistivité et les sondages sismiques. Or très vite, malgré la mise en évidence par les instruments du Dr Dolphin de cinq zones d'intérêt majeur (2 zones d'anomalies faisant écho derrière les pattes arrières du Sphinx (N-Ouest), 1 zone au centre du côté Sud, 2 zones d'anomalies en face des pattes avant), il apparaît que les forages évitent obstinément les zones en question. Certains accusent le Dr Dolphin de freiner les forages alors que les Égyptiens ont donné carte blanche pourvu que chaque forage soit justifié, ce qui est la moindre des choses, soit dit en passant. D'autres, plus virulents encore, soupçonnent Dolphin d'avoir volontairement supervisé et orienté les forages dans les lieux les moins prometteurs possibles. C'est un imbroglio impossible.
D'une part, nous avons Hugh Cayce qui, tournant un documentaire sur le chantier, déclare, confiant, toute son excitation devant l'imminence de la découverte prochaine, selon lui, de la fameuse Salle des Archives. Il se dit prêt à faire autant de forages qu'il sera nécessaire, surtout sous la patte droite du Sphinx. Très content de financer et d'être présent sur un tel projet, il ajoute : "Dans peu de temps sans doute nous commencerons à découvrir combien Edgar Cayce avait raison..."
Et d'autre part nous avons un Dr Dolphin qui confesse dans son rapport : "J'étais le seul à décider de ne finalement plus faire creuser de trous". Il ajoute que le Projet 78 était inintéressant et que selon lui, Hugh Cayce, dirigeant de l'ARE en 78, était "résigné à l'idée de ne pas trouver la Salle des Archives..." et même "... satisfait qu'il n'y ait pas de Salle des Archives sous le Sphinx." Or le biographe de Hugh Cayce n'est pas du tout d'accord. Ce qui est sûr, c'est qu'une vive dispute éclata au sein des équipes et le SRI se retira brutalement du Projet. Selon l'ARE : "De sérieux problèmes avaient commencé à surgir entre l'équipe du SRI et le RSI chargé des forages."Or selon une conversation entre Lehner et Sauvai, c'est l'équipe de forage qui payait l'équipe du SRI. Et le SRI se serait retiré de peur de n'être pas payé. Mais tout cela rajoute à la confusion.
Certaines personnes voudraient empêcher toute trouvaille, ou la révélation publique de ces trouvailles qu'elles ne s'y prendraient pas autrement. Le SRI et le RSI ne jouèrent-ils pas un jeu de "discorde" pour mieux égarer les attentes des gens ? Pourquoi des thèses et assertions aussi contradictoires furent-elles lancées par les principaux protagonistes ? Lehner a dit que c'était une dispute d'ordre financier entre SRI et RSI ; de son côté Dolphin a dit que c'était parce qu'il n'y avait rien à voir, rien à trouver. Quant au Dr Jahoda, il prétendit ni plus ni moins que l'armée égyptienne a fait irruption avec des fusils et a donné l'ordre de stopper les forages car "ils faisaient trembler les Pyramides !"

CONCLUSION

Une fois de plus, qui croire ? Un égyptologue n'y retrouverait pas une momie ! De qui se moque-t-on ? Pourquoi trouvait-on des anomalies radars, puis ne trouvait-on pas de cavités ? Pourquoi ne creusait-on pas aux bons endroits ? Il est d'ailleurs "amusant" de remarquer que les enregistrements et rapports détaillant les zones d'anomalies radars trouvées autour du Sphinx furent déclarés disparus. Ainsi, il n'est plus possible de prouver que les 5 forages ont été faits aux "mauvais endroits" ! C'est tout de même bien pratique.
Je comprends très bien l'état de Hugh Cayce très dépité par ces 5 forages qui ne menèrent à rien, par les 100.000 dollars dilapidés en pure perte. à son dépit vint s'ajouter l'absence totale de rapport officiel ! Il fallut la forte pression d'archéologues et d'égyptologues écourés pour qu'un rapport extrêmement léger et subjectif de Dolphin voit enfin le jour en 1999. Ce rapport circonstancié concluait un peu comme pour l'expédition Alvarez précédente, qu'il n'y a rien d'intéressant autour et sous le Sphinx... Et le même genre de rapports négatifs se sont d'ailleurs invariablement succédés jusqu'à aujourd'hui, tous rédigés par les mêmes personnes en place... Hugh Cayce dégoûté mais persévérant décida par la suite de resserrer les liens avec Lehner et Hawass (sans le SRI). Lehner entra à l'ARC (American Research Center) pour gagner un peu plus de crédit scientifique et pouvoir travailler de façon sûre à Giza. À travers diverses déclarations, il commença à prendre ses distances vis-à-vis des datations d'Edgar Cayce sur le Sphinx. Pendant un temps, il continua à être financé par l'ARE. Vous verrez que lors des explorations suivantes, la danse du flou et des contradictions et disputes incroyables continuera, avec son cortège de manipulation et de déclarations fracassantes.

De nombreuses photographies de ce magazine proviennent de sites Internet ou de la collection privée de l'auteur. Ces photographies ont été rassemblées de diverses sources publiques, et sont entrées dans le domaine public sauf indication contraire.
Antoine Gigal : Pour écrire à l'auteur contactez la rédaction : roch@topsecret.fr
RÉFÉRENCES : Bien trop nombreuses pour les lister.

Antoine Gigal - TOP SECRET Hors Série N°4 > Juil-Août-Sept > 2007
 
   

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