La Crise Mondiale et les Manipulations Monétaires

Le Charisme du Cour face à l'Effonfrement Annoncé


G.D. - NEXUS N°121 > Mars-Avril > 2019

La Crise Mondiale et les Manipulations Monétaires

Peut-on éviter la catastrophe de grande ampleur que tant d'analystes pessimistes annoncent à grands renforts d'arguments depuis quelques mois ? Nul ne peut en toute honnêteté le prédire avec une totale certitude et les petits épargnants devraient peut-être se méfier s'ils ne veulent pas voir leurs économies s'envoler en fumé... Alan Greenspan, ancien président de la Réserve Fédérale de 1987 à 2006 a déclaré que la crise actuelle était la plus profonde et la plus grave que nous ayons connu depuis la seconde guerre mondiale, précisant : "Cette crise laissera de nombreuses victimes. Le système d'évaluation des risques actuellement en place sera particulièrement touché".

L'Europe a rejoint depuis quelques mois l'Amérique dans son inquiétude et subit à son tour une importante récession économique et une crise sans précédent sur le plan financier depuis le krach de 1929. Nous sommes loin d'être sorti du marasme dans lequel le système des subprimes, ces crédits à risque créés par les banques américaines nous ont plongés, par une sorte d'effet domino des plus pervers. En 1929 eut lieu le premier krach boursier de l'histoire moderne. Il déboucha sur une crise économique sans précédent et servit malheureusement de limon aux thèses fascistes allemandes et italiennes des années 20 et 30. Déjà à l'époque, la banqueroute brutale du système bancaire s'était répandue rapidement dans tous les pays occidentaux, et avait causé la ruine immédiate de nombreux banquiers (6.000) et investisseurs, acculant un grand nombre d'entre eux au suicide. Le principal détonateur de cette catastrophe fut lié principalement à la hausse des taux d'intérêts et à la hausse des achats à crédit tant pour l'investissement en actions que pour l'achat des biens d'équipement comme cela se déroule aujourd'hui avec les prêts hypothécaires à risques des subprimes. À cette époque, de nombreux investisseurs avaient acheté leurs titres à crédit. Ils ne pouvaient plus rembourser les intérêts, la hausse des actions étant devenue inférieure au coût de l'emprunt. Le cycle vicieux prit naissance quasi de la même manière que les événements actuels outre Atlantique.
Le public est-il au courant qu'aux États-Unis, l'entrée en vigueur, en mars 1980, d'une nouvelle loi concernant les exigences en matière de réserve monétaire, fait en sorte que les banques ne doivent plus désormais posséder que 3 % en avoir pour accorder des crédits et assurer leur solvabilité contre 100 % auparavant ? C'est pourtant l'une des raisons de la tempête enclenchée par les subprimes. Cet épisode a mis en évidence la fragilité du système et l'écart existant entre les avoirs d'une part et les crédits accordés d'autre part, un système pervers qui permet en toute légalité aux banques d'accorder des prêts pour un montant de 33 fois supérieur à ses avoirs en portefeuille ou en titres ! On comprend comment le gouvernement des Etats-Unis, par l'entremise de son réseau bancaire, au bord de la faillite, soit devenu le plus grand prêteur du monde tout comme le plus grand débiteur de la planète ! Pour consolider leur système particulièrement vicieux, les banquiers américains ont dû couvrir leurs risques en allant, précisément dans le cas du financement immobilier des subprimes, revendre leurs parts d'obligations à des banques européennes qui aujourd'hui en paient les pots cassés.
Jadis, les Chinois, les Japonais, les Anglais, les Allemands et les riches pays arabes se contentaient d'acheter des bons du Trésor. De nos jours, ils ont également investi dans les actions subprimes et elles leur brûlent les doigts.
Avec Lehman Brothers la banque multinationale d'investissement américaine dont certains actifs (le siège social sur la 7ème avenue de New-York et deux centres de traitement des données dans le New Jersey) ont été racheté pour 1,5 milliard de dollars par la banque britannique Barclays a des conditions plus qu'avantageuses et Merryll Lynch l'autre banque d'investissement qui gérait 1800 milliards de dollars d'actifs pour ses clients emportées par la crise, c'est la découverte pour de nombreuses banques et aussi pour le monde entier que le modèle américain est en train de succomber à ses excès et que l'idéologie du "libre-marché" est entrée en collision avec la réalité... Il faudra du temps aux principaux acteurs de cette crise pour l'admettre mais les différents garde-fous financiers considérés jusqu'ici comme étant des plus efficaces contre toutes les défaillances économiques possibles, à savoir la flexibilité des marchés et la libre concurrence, ont désormais perdu toute crédibilité.
"La décision de la Réserve fédérale", nous dit l'essayiste et polémiste Lyndon Hermyle LaRouche, "de laisser la banque d'investissement J Lehman Brothers se diriger vers une procédure de faillite à hauteur de ses 613'milliards de dollars d'actifs, plutôt que de lancer un sauvetage à l'aide d'argent public, comme dans le cas de Bear Stearns, et de Fannie Mae et Freddie Mac est évidement un coup de grâce mettant en évidence que tout le système est en train de s'effondrer et ce que nous voyons dès lors ne sont que différents aspects de cet effondrement remontant à la surface". Les banques européennes comme les banques américaines ont pris des risques incommensurables et inutiles.
Elles ont joué et spéculé, ce qui n'était pas leur rôle. Elles se prennent maintenant un retour de manivelle et se voient dans l'obligation, pour celles qui en ont encore l'opportunité, de se vendre à des fonds d'investissement souverains d'Asie ou d'Arabie saoudite. L'étape de l'effondrement monétaire qui est en train de se réaliser sous nos yeux engendrera, il ne faut pas se leurrer, des conséquences incalculables pour les épargnants.
Il y a fort à penser que le climat des prochains mois va être détestable et que la croissance tant annoncée il y a encore quelques semaines par des spécialistes comme Laurence Meyer, l'ancien gouverneur de la Réserve fédérale américaine, n'était qu'un mirage pour masquer l'ampleur des dégâts qui s'annonçaient. La crise profonde vers laquelle nous nous dirigeons s'amplifiera peu à peu dans toutes les sphères de la vie économique et financière, tant aux États-Unis qu'en Europe et par effet "boule de neige", dans le reste du monde. Une chose est sûre, l'environnement pour accorder des crédits ne sera plus jamais le même dans l'avenir.
Tout le monde peut déjà constater que la marge est de plus en plus étroite pour éviter la que la spirale infernale de l'inflation ne s'accroisse. Nous connaîtrons vraisemblablement encore de nouveaux "lundis noirs" sur les places boursières mondiales. Les cinq principales institutions bancaires qui étaient encore hier maîtresses du jeu des principales initiatives du monde des affaires sont en train de connaître une lente descente aux enfers. C'est la "fin d'un mythe" affirment certains observateurs très inquiets pour l'avenir. Probablement pas, rétorquent d'autres analystes qui préfèrent continuer à s'accrocher à l'espoir de ne pas voir s'effondrer un système financier auquel ils ont toujours cru aveuglément. La crise actuelle reflète bien plus que les simples faiblesses du système monétaire international. La hausse du prix du pétrole brut qui s'est produite à plusieurs reprises reprendra d'ici peu, à ne pas en douter, son inévitable ascension. Ce qui frappe surtout les observateurs, c'est l'ampleur du changement subtil qui s'est opéré dans le rapport des forces. Comme en 1929, la crise ne touche pas tout le monde. Elle profite à quelques acteurs très puissants et discrets du marché.
L'écrivain et chercheur américain Tex Mars, s'interrogeait déjà il y a quelques années : "Comment certaines riches familles financières, les mêmes qui ont déclenché très discrètement la terrible crise de 1929, et qui sont les seules à être sorties vainqueurs en s'enrichissant encore plus lors de ce krach, feront pour mettre sous leur contrôle complet et incontestable leur Nouvel Ordre Economique mondial qu'il appelait déjà de leur vou ?" La réponse est simple et aussi claire que l'eau de roche : "En provoquant tout simplement en Amérique ainsi que dans le monde entier, la pire crise et dépression jamais vue dans toute l'histoire". Cet objectif pour être atteint implique que l'on détruise la crédibilité et la solvabilité des principales banques d'affaires et que l'on provoque une explosion du marché des valeurs qui fera considérer le krach de 1929 "comme une simple partie de pique-nique où les instigateurs se relèveront de la crise après avoir détruit, tout sur leur passage, en tenant compte que lorsque de très importantes banques s'effondrent en allant en faillite, on entre dans une inconnue : celle de l'avenir même du système financier non bancaire dérégulé que personne ne maîtrise."
Bien avant que les évènements actuels ne se produisent, certains auteurs comme le spécialiste financier Olivier de Ducla qui fit carrière en tant qu'analyste et courtier des marchés internationaux, prédit "un krach programmé". Dans son ouvrage paru aux Editions Jean-Cyrille Godefroy, cette personnalité du monde des affaires affirma en son temps : "Par quels mécanismes la déroute des indices boursiers dans le monde va entraîner, si l'on ne fait rien, et si les égoïsmes de caste continuent de prévaloir, une crise économique sans précédent.
Une crise économique, mais aussi morale politique et sociale, car celle de 29 n'aura rien été en comparaison de ce qui nous attend. C'est toute une génération qui sera sacrifiée".
Olivier de Ducla poursuivit en ces termes : "Nous sommes au bord du gouffre ! Un laxisme extraordinaire s'est emparé de tous, et un aveuglement collectif nous empêche de voir les conséquences dramatiques, inéluctables et pourtant prévisibles... Le rêve ne va plus durer bien longtemps. Une catastrophe sans précédent est en train de se produire.
Ceux qui savent sont peu nombreux et n'osent rien dire. L'immense majorité croit ou veut croire que "ça va s'arranger".
Le chômage va s'amplifier, la dépression va gagner insidieusement la sphère économique, les prix vont baisser, y compris les prix de l'immobilier, par contagion et parce qu'il faut bien que, là aussi, la bulle éclate. Les 35 heures ne seront bientôt plus qu'un souvenir. Les tentatives de faire repartir l'économie échoueront comme elles ont échoué au Japon, en crise depuis treize ans. Nous allons droit à une crise majeure. Nier la crise part d'un bon sentiment : on ne veut pas affoler les populations. Ce faisant, on pratique la politique de l'autruche, s'interdisant de toucher à rien de peur d'effaroucher les masses et de faire basculer le sentiment dans le pessimisme alors qu'il est déjà en vigueur. En conséquence on ne prend pas les mesures qui s'imposent, et on adopte celles qui aggravent le mal."
Les premières chutes des marchés financiers, il y a quelques mois, constituaient les premiers signes du ralentissement économique que nous constatons actuellement et son ampleur témoigne que la crise sera profonde et durable. Lorsque le 10 septembre dernier, le secrétaire au Trésor américain Henri Paulson acceptait de nationaliser la dette des deux géants du refinancement hypothécaire Freddy Mac et Fannie Mae pour la somme colossale de 5.200 milliards de dollars, cette somme vint s'ajouter à l'endettement fédéral américain qui était déjà catastrophique. Il passa en un jour de 10.000 à 15.000 milliards de dollars ! Des chiffres à faire tourner la tête...
Olivier de Ducla démontra "qu'aux trente glorieuses", de l'après guerre à 1973/75, avait succédé une période de "croissance molle". Il était inévitable, selon lui, que la prochaine étape soit celle de la déflation dont il expliqua comment elle allait s'installer insidieusement. Aucune politique volontariste pour rétablir l'inflation ne pourra "marcher" parce que l'inconscient collectif était devenu "noir" et que de plus en plus de ressources allaient être consacrées au paiement des intérêts de la dette, "sans parler de son remboursement qui ne peut être à l'ordre du jour puisqu'on continue, tous les ans, d'ajouter du déficit aux déficits. Or, personne n'est préparé à une telle éventualité. Chacun d'entre nous, et surtout nos ainés, savent parfaitement comment "surfer" sur l'inflation. Les plus jeunes sont impressionnés à leur tour par l'inflation des prix de l'immobilier. Rares sont ceux qui sauront s'accommoder de la déflation voire capitaliser sur elle."
Depuis la parution du livre d'Olivier de Ducla en mars 2003, la classe politique française a pris conscience de ce que représentait l'endettement, mais n'a rien fait pour y remédier, au contraire. L'économie française, comme d'ailleurs la plupart des économies industrielles dans le monde, est en train de s'asphyxier sous le poids de sa dette. Pire, le Ministère de l'économie a innové en créant de toutes pièces de nouvelles formes d'emprunt ! Ce ne sont plus seulement nos enfants qui devront acquitter de la facture (nous empruntons pour maintenir notre niveau de vie) mais bien nos petits-enfants ! Pierre Agudo pour sa part dans "L'Humanité" a souligné à juste titre que par un curieux retournement de l'histoire, "après la déroute et l'implosion soviétique, voilà que le système capitaliste menace à son tour de s'écrouler ! Les États-Unis, si arrogants, sûrs d'eux et dominateurs, en sont réduits à l'activisme hors des frontières, sans doute pour faire oublier qu'ils ne sont qu'un colosse aux pieds d'argile"...
Une fois rassemblés, l'ensemble des faits prouvent que la crise que nous connaissons actuellement est en grande partie ''programmée". C'est ce que dénonce d'ailleurs le très controversé Lyndon Hermyle LaRouche dans ses publications. Selon lui, nous assistons depuis un certain temps à la dérégulation grandissante du système monétaire international. Le système de la mondialisation met en place une "dictature prédatrice de spéculateurs", à l'image de l'internationale synarchiste qui fut jadis à l'origine des mouvements fascistes des années 20. De manière assez inattendue, LaRouche défend parallèlement un "nouvel ordre économique mondial" fondé sur une réorganisation de fond en comble du système financier international actuel et suggère un retour à une politique beaucoup plus volontariste visant à une nouvelle forme de planification des outils de production. LaRouche explique que les États-Unis doivent se réformer d'abord puis convaincre la Russie et les autres grandes puissances comme la Chine et l'Inde d'entrer dans ce nouvel ordre économique. Ainsi seulement, l'économie mondiale actuelle sera dominée par un nouveau conglomérat financier. Sommes-nous si éloignés que cela de la fameuse "théorie du complot" ?

DOSSIERS SECRETS D'ÉTATS N°4 > Octobre > 2008
 
   

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