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Pyramides : Tous les Mystères ne sont pas Résolus |
Qui les a construites ? Comment ? Pourqoui y en a-t-il sur tous les continents ? Que reste-t-il a découvrir ?
À g. (->) : sites de Gizeh et d'Abou-Simbel (gravure du XIXe siècle) en Égypte.
À dr. : l'oil au-dessus de la pyramide, symbole de la société secrète maçonnique des illuminés de Bavière (1776-1785).
Asseyez-vous au sommet de la pyramide de Kukulkan à Chichén Itza, au Mexique. Fermez les yeux et écoutez... Au fur et à mesure de leur ascension, les pas des touristes sur les escaliers prennent une tonalité étrange, semblable à celle de gouttes de pluie qui tomberaient dans un seau. Ce drôle de phénomène a été découvert par deux chercheurs, l'un belge, l'autre mexicain. Nico Declercq et jorge Cruz en sont sûrs, cette musicalité n'a rien d'une coïncidence : elle a été pensée par les constructeurs du monument il y a plus de mille ans. Ils ont d'ailleurs enregistré des sons de même fréquence sur d'autres pyramides mexicaines, construites pourtant différemment. Les Mayas se servaient-ils
de ces édifices comme d'instruments de musique pour communiquer avec leurs divinités ? Mystère...
Des siècles qu'on les explore, qu'on les étudie et qu'on les mesure sous toutes les coutures... Pourtant, les pyramides sont loin d'avoir livré tous leurs secrets. Premier d'entre eux : pourquoi, à plusieurs siècles d'intervalle et à des milliers de kilomètres de distance, des hommes ont-ils érigé ce même type de monuments dotés de faces plus ou moins triangulaires, ayant des arêtes en pente et un sommet commun ? Qu'il s'agisse des temples à gradins préhispaniques, des tumuli façonnés au-dessus des sépultures d'empereurs chinois, et bien des tombeaux égyptiens, tous partagent cette forme pyramidale. On en dénombre plus d'une centaine en Égypte, davantage au Soudan et en Amérique centrale, mais aussi quelques exemples en Italie, en France ou aux États-Unis. Il y aurait même des pyramides sur une île des Canaries ou dans les profondeurs des océans, au large du japon !
L'aura de mystère qui les entoure participe à la fascination qu'elles exercent sur les foules depuis des siècles. Le 21 juillet 1798, le général Napoléon Bonaparte, sur le plateau de Gizeh (Égypte), se sent écrasé par la majesté du tombeau de Kheops, la seule des Sept Merveilles du monde antique encore en élévation. À l'autre bout du globe, le 21 mars dernier, 21.000 personnes gravissent la pyramide de Teotihuacan, au Mexique, lors de l'équinoxe de printemps, de se remplir ainsi de "l'énergie solaine" à son sommet. Et chaque année, plus de deux millions de pèlerins font l'ascension de la pyramide tronquée de Borobudur en Indonésie... treize siècles après sa construction !
Rampe d'accès vers le ciel, faisceau solaire issu de l'oil du dieu créateur, montagne primordiale... Les passionnés rivalisent de théories pour expliquer la présence de pyramides en tous points du globe. Pour certains, ces formes géométriques parfaites ne peuvent être que l'ouvre d'une civilisation avancée, voire d'une forme de vie extraterrestre. Mais le monument qui concentre le plus de fantasmes reste sans conteste la pyramide de Kheops. "Dès le XIXe siècle, elle a fait l'objet des théories pseudo-scientifiques les plus farfelues, marquant le début de la "pyramidologie", pointe l'égyptologue Michel Valloggia, professeur à l'université de Genève. Certains assuraient que ses dimensions étaient une manifestation divine et qu'on pouvait y lire l'histoire du monde"... Pourquoi une telle fascination pour un tombeau ? Kheops intrigue par sa forme parfaite et par sa démesure : du haut de ses 146 mètres originels, elle dépasse Notre-Dame de Paris de 56 mètres et pèse près de 500 fois plus lourd que la tour Eiffel ! Comment des Egyptiens de l'Antiquité - sans grue ni camion - ont-ils pu bâtir un tel édifice... en seulement 20 ans ? C'est LA question qui agite le monde de l'Égyptologie depuis Hérodote au Ve siècle avant notre ère. Mais c'est loin d'être la seule.
Car la Grande Pyramide cumule les énigmes non résolues : où se cachent la momie du pharaon et son trésor ? Comment la chambre du roi, construite avec d'énormes blocs de granit rose, a-t-elle été édifiée à 43 mètres de haut ? C'est l'énigme parfaite : des gens consacrent même leur vie à la résoudre. En France, l'architecte Jean-Pierre Houdin a cessé son activité professionnelle depuis presque 15 ans pour s'y employer à temps plein. À Hong Kong, c'est un dentiste passionné, Ng Tze-chuen, qui s'y attelle. Il a décidé d'utiliser ses connaissances en outillage miniature pour mettre au point un robot de la taille d'un insecte, surmonté d'une pince inspirée des forceps dentaires. Objectif : sonder les entrailles du monstre de calcaire. L'espoir pourrait donc venir des nouvelles technologies. Ces dernières années, radars, robots et logiciels 3D ont permis des avancées intéréssantés... soulevant d'autres interrogations !
De nouvelles questions se posent chaque jour sur les pyramides du monde entier. Nous avons interrogé pour vous les meilleurs spécialistes afin de déméler le vrai du faux. Dans le secret des Pyramides : 10 énigmes à décrypter...
1/ POURQUOI KHÉOPS POSSÈDE-T-ELLE EN RÉALITÉ HUIT FACES ?
C'est une particularité méconnue du célèbre monument de Gizeh. Vue de près, chacune des quatre faces semble légèrement creusée au milieu. Pour certains, c'est une volonté des architectes de l'époque pour marquer les équinoxes : aux alentours du 22 septembre, les rayons rasants du soleil feraient apparaître une démarcation sur la face sud. Séduisant... mais fumeux, selon l'architecte et égyptologue jean-Pierre Adam ! "Lors de la construction, la pyramide a seulement subi un léger affaissement. D'ailleurs, à l'époque, elle était recouverte d'un parement en calcaire blanc qui camouflait cette déformation".
Reste que, partout dans le monde, les pyramides semblent alignées selon les astres et la course du soleil. Tout comme celles du plateau de Gizeh, les pyramides indonésiennes ou mayas sont ainsi orientées selon les points cardinaux. À Chichen Itza, au Mexique, celle de Kukulkan, avec ses 365 marches, représente symboliquement l'année solaire. Plus fort : à chaque équinoxe, les arêtes de ses 9 gradins créent un jeu d'ombres sur l'escalier. Celui-ci semble alors se transformer en serpent, ondoyant vers le bas, où trônent deux têtes de reptiles sculptées. C'est bluffant, certes, mais pas si étonnant que cela quand on sait que les civilisations anciennes avaient des connaissances astronomiques poussées. "Qu'ils soient égyptiens ou précolombiens, tous ces peuples devaient leur survie à l'agriculture et donc à la course du soleil, rappelle Jean-Pierre Adam. Ils ont par conséquent cherché des repères astronomiques pour savoir quand semer, quand récolter, et relié ces phénomènes aux divinités. D'où cette fascination pour les équinoxes qui marquent le changement de saison et l'orientation particulière des temples". Comment ont-ils trouvé le nord céleste, sans les technologies actuelles ? "Il leur a suffi de bâtir un petit muret en briques semi-circulaire et d'observer la course des étoiles pendant un mois", conclut l'architecte.
2/ Y A-T-IL UNE PYRAMIDE SOUS-MARINE AU FOND DU LAC DE TIBÉRIADE ?
L'histoire vient d'être révélée dans l'International journal of Nautical Archaeology : en 2003, alors qu'ils font un relevé au sonar des fonds du lac, en Israél, des géophysiciens visualisent une structure d'une dizaine de mètres de hauteur. Sur place, des plongeurs découvrent un amas de 60.000 tonnes de blocs de basalte. Rien ne prouve que les pierres aient été taillées. Mais une chose est sûre : il n'y a pas de basalte à proximité immédiate du lac de Tibériade. Ces blocs ont donc été transportés sur au moins 500 mètres. Les certitudes s'arrêtent là. La structure a-t-elle été édifiée directement sous l'eau ou bien sur la terre ferme ? Dans ce cas, elle daterait d'une époque où le lac n'existait pas encore et aurait donc 5.000 ans.
Tout comme une autre pyramide sous-marine, retrouvée au large de l'île de Yonaguni, au Japon. Autour de l'édifice à degrés, posé à 25 mètres de profondeur, le géologue Masaaki Kimura a aussi identifié les ruines d'un arc de triomphe, cinq temples, des routes et des visages sculptés. Sa théorie ? Cette Atlantide japonaise aurait été engloutie il y a 2000 ans par un tremblement de terre. À l'université de Boston (Etats-Unis), le professeur Robert Schoch penche plutôt pour un phénomène naturel : les terrasses et les marches de la pyramide seraient en fait des blocs de grès cassés par l'activité tectonique. Le mystère demeure...
3/ KHEOPS A-T-ELLE VRAIMENT ÉTÉ CONSTRUITE PAR LES ÉGYPTIENS DE L'ANTIQUITÉ ?
Ils n'avaient ni roue, ni outillage en fer, ni grue, mais ont pu hisser 2,3 millions de blocs de pierre de plusieurs tonnes à 146 mètres de haut et créer une forme parfaite. Le tout en seulement 20 ans... Incroyable ! À titre de comparaison, en 1964, les ouvriers en charge du démantèlement, puis de la reconstruction du temple d'Abou-Simbel - 1042 blocs de 30 tonnes maximum - ont mis 4 ans et demi. Même avec des machines modernes, cela reste donc une prouesse. Finalement, qu'est-ce qui prouve que la Grande Pyramide a bien 4500 ans ? "Un graffiti qui indique l'an 17 du règne de Kheops, mais aussi les datations - notamment au carbone 14 - des nombreuses pièces de bois retrouvées sur le chantier", pointe Jean-Pierre Adam. Pour transporter les blocs, les Egyptiens utilisaient donc des cordes très résistantes et des traineaux de bois capables de supporter plusieurs tonnes. Pour tailler, ils disposaient de percuteurs en cuivre ou en granit. "Le calcaire du parement était très tendre à la carriève de Tourah, à une quinzaine de kilomètres du plateau de Gizeh, il pouvait donc être taillé facilement", explique l'architecte Jean-Pierre Houdin. Mais les chercheurs ne sont pas tous d'accord. Le scientifique Joseph Davidovits pense que, comme pour le viaduc de Millau, les blocs ont été coulés et moulés sur place, tel du béton, en mélangeant de la boue calcaire à d'autres éléments. La plupart des égyptologues sont perplexes... En revanche, pour créer des formes géométriques aussi parfaites, nul besoin d'outil perfectionné. "Il suffit d'un compas, précise Jean-Pierre Adam. En pratique : un cordeau et deux piquets ! Pour tracer des angles droits, ils utilisaient aussi un cordeau à 13 nouds et n'avaient plus qu'à faire un triangie rectangle avec des côtés de 3, 4 et 5 nouds".
4/ LES PYRAMIDES SONT-ELLES DES RAMPES D'ACCÈS VERS LE CIEL ?
Dans la cosmogonie égyptienne, l'univers était à l'origine une masse liquide. Quand les eaux se sont retirées, une colline a émergé, d'où serait né le Soleil. "La pyramide représente donc cette colline primordiale qui va permettre au pharaon de renaître lui aussi pour l'éternité", explique l'égyptologue Michel Valloggia. À sa mort, il rejoint le firmament par les rayons du Soleil : la pente de la pyramide symbolise cette rampe vers le ciel. Autre lieu, même symbolique de montagne. En Indonésie, sur l'île de Java, le temple de Borobudur, construit entre 790 et 850, est une pyramide tronquée de 30 mètres, à gradins. "Elle renvoie à la montagne sacrée où vivent les divinités dans l'hindouisme et le bouddhisme, pointe Emmanuel Simonl spécialiste de l'art javanais au CNRS. C'est aussi le rappel d'un épisode central : alors que le monde a été englouti par un déluge de lait, les dieux décident de faire remonter tous ses trésors - notamment l'élixir d'immortalité - en barattant l'océan... à l'aide d'une montagne".
À des milliers de kilomètres de là, chez les Mayas, elle fait aussi écho à la mythologie. "À Palenque, au Mexique, la pyramide comporte 9 degrés, qui correspondent aux 9 mondes inférieurs de la cosmogonie maya", explique Eric Taladoire, professeur d'archéologie précolombienne à l'université Paris I. Mais il y a aussi une explication plus terre à terre du choix de la forme pymmidale à travers les siècles : c'est la plus simple à réaliser et la plus stable. "Finalement, la pyramide, c'est un tas de cailloux, plaisante l'archéologue et architecte Christophe Pottier. C'est assez intuitif : lorsqu'on cherche à imprimer sa marque sur la nature, on trace des figures géométriques, la plus régulière étant le carré. Ajoutez à cela la verticalité qui a toujours été symbole du pouvoir et du divin : on arrive à la pyramide".
5/ COMMENT DES FORMES SI ARCHAÏOUES ONT-ELLES RÉSISTÉ À DES SIÈCLES DE GUERRES ET D'ÉROSION ?
4500 ans que Kheops trône sur le plateau de Gizeh, alors quelques kilomètres de là, la ville du Caire a plusieurs fois été rasée par des séismes. La raison de cette étrange disparité ? La surface de contact au sol particulièrement importante (52.900 m²). Mais aussi : les 2,3 millions de blocs de pierre qui la composent ont tous des formes et des tailles différentes, d'où une meilleure imbrication et une plus grande stabilité de l'édifice. Même constat pour d'autres sites qui ont survécu aux ravages du temps, comme l'île de Pâques, à l'ouest du Chili, ou la forteresse de Sacsayhuaman à Cuzco, au Pérou. Nos ancêtrees avaient-ils des connaissances anti-sismiques ? En réalité, ils ont juste fait au plus simple. "C'est beaucoup plus long de tailler des blocs identiques, pointe Jean-Pierre Adam. D'ailleurs, plus on va vers l'intérieur des pyramides, moins les blocs sont appareillés, plus ce sont des remblais d'argile, de sable ou de briques crues".
6/ LES AZTÈQUES ONT-ILS BATI DES PYRAMIDES AUX CANARIES ?
Lorsque l'anthropologue norvégien Thor Heyerdahl débarque à Guimar, sur l'île de Tenerife (un territoire espagnol au large des côtes marocaines) en 1991, il n'en croit pas ses yeux : le village comporte 6 pyramides à marches aux allures précolombiennes. L'homme est connu pour avoir réalisé en 1947 une traversée du Pacifique sur un radcau - le Kon-Tiki - pour prouver le peuplement des îles polynésiennes par des Amérindiens. Il reprend donc la même hypothèse : des Indiens ont traversé l'Atlantique, bien avant Christophe Colomb, et ont transmis leurs techniques de bâtisseurs aux populations locales. Depuis, des fouilles archéologiques ont révélé des débris... datant du XIXe siècle ! Ces édifices pourraient avoir été réalisés par des agriculteurs locaux soucieux de déblayer leurs champs... Tout de même, l'idée d'une transmission entre les peuples bâtisseurs de pyramides reste séduisante. Sur la Toile, certains soutiennent que l'alignement de différents sites - Teotihuacan, Gizeh, Shaanxi... - n'est pas due au hasard. Tout comme les ressemblances entre la pyramide à degrés de Baksei Chamkrong au Cambodge et celle de Tikal au Guatemala, construites à 200 ans d'intervalle. Est-ce à dire que les voyages trans-océaniques étaient fréquents ? "Simple coïncidence, tranche l'architecte Jean-Pierre Adam. Dans différents lieux et à des époques diverses, les hommes répondent aux mêmes problématiques - se rapprocher du divin, créer un repère perceptible - par les mêmes solutions : ils bâtissent une pyramide".
7/ POUROUOI LES AUTORITÉS CHINOISES CACHENT-ELLES LEURS PYRAMIDES ?
Deux cents ? Trois cents ? La province du Shaanxi est couverte de constructions de terre et de glaise, de 20 à 100 mètres de côté, dissimulées sous la végétation. Interdiction formelle de les visiter. Sur Internet, les spéculations vont bon train : le gouvemement chinois souhaiterait garder ces pyramides secrètes : elles seraient l'ouvre d'extraterrestres ; l'une d'elles dissimulerait une rampe de lancement de fusée... En réalité, les sinologues connaissent bien leur fonction. "Ces tumuli (tertres artificiels) de plus de 2000 ans font partie de complexes funéraires réservés aux dignitaires", explique Mael Bellec, conservateur du musée Cernuschi à Paris. L'un d'eux, haut de 45 mètres, abrite ainsi la sépulture du premier empereur de la Chine réunifiée. Qin Shi Huangdi, mort en 210 av. J.C.. Il est enrouré de deux enceintes. "L'idée était justement de la voir de loin pour que les gens puissent rendre hommage au défunt", rectifie le spédaliste. Quant à la végétation, c'était une volonté de Qin Shi Huangdi : il souhaitait que son mausolée ait l'aspect d'une montagne. Mais pourquoi les constructions ne sont-elles pas fouillées ? "Ces sites sont immenses (près de 60 km² pour le mausolée de Qin Shi Huangdi), cela coûterait une fortune, souligne Mael Bellec. Par ailleurs, ces tumuli pyramidaux ne sont pas très intéressants d'un point de vue archéologique. L'important, ce sont les tombes construites dessous et les monuments autour". Comme les célèbres 7000 soldats de terre cuite retrouvés à quelques centaines de mètres de la pyramide.
8/ LES ÉGYPTIENS ONT-ILS CONSTRUIT UNE PYRAMIDE EN BOSNIE-HERZEGOVINE ?
Depuis 8 ans, Semir Osmanagich, alias Dr Sam, n'en démord pas : selon l'homme d'affaires, Visoko, au centre du pays, abrite 5 pyramides construites entre 12.000 et 27.000 ans avant notre ère. Les plus vieilles du monde ! Celles qu'il a rebaptisées pyramides "du Soleil et de la Lune" mesurent respectivement 220 et 190 mètres de haut et dépassent donc même Kheops. Intrigué par ces étranges collines pointues, l'apprenti Indiana Jones a lancé des fouilles. Surprise : non seulement la plus haute est alignée sur les points cardinaux mais, à ses pieds, se trouvent de larges dalles aux formes géométriques. Pour lui, c'est la preuve de l'action de l'homme. Mais dès 2007, une vingtaine d'archéologues, historiens et géologues bosniens démontent toutes ces preuves dans une lettre ouverte : les mégalithes de la pyramide du Soleil sont en fait des pierres tombales médiévales. Quant aux blocs de grès censés être des murs de la pyramide de la Lune, ce sont des sédiments lacustres datant de 7 millions d'années. Reste que le Dr Sam a le soutien de la Fédération de Bosnie-Herzégovine, qui se réjouit de l'afflux de curieux sur place. Chaque année, des centaines de volontaires viennent creuser ces collines... quitte à menacer les vestiges d'une ville royale médiévale située au sommet.
9/ RESTE-T-IL DES PYRAMIDES À DÉCOUVRIR EN ÉGYPTE ?
Bonne pioche : en février 2013, près de Louxor, des chercheurs belges exhument une structure de 12 mètres de côté, datant du XIIIe siècle avant J.C.. La pyramide d'un vizir du pharaon Ramsès II. Rien d'exceptionnel selon l'archéologue américaine Sarah Parcak : pour elle, 99 % des ruines de l'Egypte ancienne restent à trouver. En 2010, elle s'est tout bonnement servie des images des satellites espions de la Nasa pour confirmer son propos. En orbite à 700 kilomètres du sol, avec leurs caméras à infrarouges, ils peuvent détecter des objets d'un mètre de diamètre enfouis sous la terre. En tout, les clichés ont révélé la présence de 17 pyramides ! Les premières fouilles confirment ces images : deux tombeaux ont bien été retrouvés près de Saqqara, à 15 kilomètres du Caire. L'année dernière, une autre archéologue américaine, Angela Micol, révélait ses recherches faites en analysant les images satellites du logiciel Google Earth. D'après elle, le désert égyptien cacherait au moins deux sites incluant des pyramides. L'une d'elles pourrait même être trois fois plus large que celle de Kheops.
 10/ Y AVAlT-IL DES ORGIES DANS LES PYRAMIDES INDONÉSIENNES ?
Une statue d'homme empoignant son pénis, un phallus entrant dans une vulve et, au sommet d'une petite pyramide à degrés, un autre phallus d'1,82 m : au temple de Candi Sukuh, sur l'île de Java, la symbolique sexuelle est partout... Mais rien d'érotique, selon Emmanuel Siron : "C'était un temple lié à la fertilité". Oubliez donc les scènes d'orgie débridées. Ici, les pélerins affluaient pour augmenter leurs chances d'enfanter. À 100 kilomètres de là, le temple de Borobudur fait aussi l'objet d'un pélerinage depuis douze siècles. Les fidèles doivent gravir les 4 gradins de la pyramide dans le sens des aiguilles d'une montre pour découvrir plus de 5 km de bas-reliefs consacrés à la vie du Bouddha. "L'ascension de la pyramide est alors un voyage initiatique, pointe le spécialiste. Le sommet épuré, représentant la vérité absolue". Dans les civilisations précolombiennes aussi, les pyramides ont une fonction de temple. Chez les Aztèques et les Mayas, notamment, elles deviennent le théâtre de sacrifices humains adressés aux dieux. À Teotihuacan, la construction de la pyramide de la Lune s'est faite en 7 étapes. Des fouilles menées entre 1998 et 2004 montrent que chacune d'elle a été "célébrée" par l'enterrement de dizaines de cadavres d'hommes décapités, mais aussi de plantes, d'objets et d'animaux, afin de consacrer le temple. "Avec le temps, le système de croyances a évolué et la pyramide, qui n'était au début qu'un temple, a pu aussi devenir un tombeau", souligne Eric Taladoire. Cette double fonction n'existait pas en Egypte, ou la pyramide a d'abord été le tombeau des pharaons puis, par imitation, d'importants dignitaires. Les dirigeants du royaume de Méroé (Soudan), grande puissance voisine du VIIIe siècle avant J.-C. au IVe siècle après J.-C. reprirent d'ailleurs cette tradition pour se réclamer de l'héritage des pharaons... À la fin de leur règne, la mode de la pyramide était telle que leurs nécropoles en comptent plus d'un millier.
À QUOI SERVENT LES PYRAMIDES JUMELLES D'ÎLE-DE-FRANCE ?
L'une, située à Villejuif (Val-de-Marne), est grignotée par l'érosion. L'autre, à Juvisy (Essonne), est intacte. Mais, au départ, ces deux petites pyramides aux allures d'obélisques se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. Elles ont été édifiées vers 1750 pour commémorer deux points importants : c'est là que l'abbé Picard prit des mesures en 1670 pour réaliser la triangulation de la France et tracer le méridien de Paris, qui a longtemps servi de référence aux géographes du monde entier, avant celui de Greenwich. Quelques années plus tard, un autre scientifique, Cassini, se servit aussi de ces points de repère pour établir la première carte de France. Aujourd'hui, ses calculs seraient faussés : dans les années 1970, la pyramide de Juvisy a dû être déplacée de quelques mètres à cause de l'élargissement de la RN 7. |
DES FRANCS-MAÇONS AU PARC MONCEAU
Dans un roman du début du XVIIIe siècle, l'abbé Terrasson raconte l'initiation de son héros Séthos aux mystères d'Isis, dans une salle secrète de Kheops. Quelques années plus tard, les campagnes napoléonien nés en Égypte suscitent l'engouement des Français. Il n'en fallait pas plus pour que certaines loges maçonniques de l'époque intègrent la pyramide dans leurs rites initiatiques. Ainsi, lorsqu'il fait aménager le parc Monceau à Paris, le duc de Chartres - alors maître du Grand Orient de France - l'orne d'une petite pyramide. Son entrée est flanquée de deux sculptures de pharaons et, à l'intérieur, siégeait une statuette d'Isis. Même si rien ne l'atteste, cette référence à une Égypte fantasmée suggère que des réunions secrètes ont pu s'y dérouler, notamment pour initier les nouveaux membres. Mais, en réalité, la pyramide n'est pas au départ un symbole maçonnique. |
 DES PYRAMIDES TOUT AUTOUR DE LA PLANÈTE
La pyramide du Louvre à Paris, présente les mêmes proportions que kheops. Inaugurée en 1989, elle s'élève à 21,65 m de haut. Elle est constituée de 95 tonnes d'acier, de 105 tonnes de chassis en aluminium, et de 673 losanges de verre.
- 2226 av J.C. : La pyramide à degrés de Saqqara, tombe du pharaon Djoser, est considérée comme la plus ancienne pyramide de pierre à ce jour.
- 200 à 300 : C'est le nombre de pyramides qu'il pourrait y avoir en Chine.
- Les murs de la pyramide tronquée de Borobudur (Indonésie) sont décorés de 460 bas-reliefs qui couvrent une longueur de 6 km.
- 5 collines de Visoko en Bosnie cacheraient des pyramides. Elles ont été rebaptisées pyramides du Soleil, de la Lune, du Dragon, de la Terre et de l'Amour.
- 137 personnes ont été sacrifiées pour consacrer la pyramide du Serpent à plumes à Teotihuacan (Mexique).
- Il reste aujourd'hui 6 pyramides à marches à Guimar, dans les Canaries, mais, au départ, elles étaient 9. Les habitants se sont servis de leurs pierres pour leurs habitations.
- 35 pyramides viennent d'être exhumées à Sedeinga (Soudan). Les plus grandes ont une base de 7 m de côté, la plus petite, destinée à accueillir
la sépulture d'un enfant, de 75 cm.
- 36,4 m de haut pour une base de 29,5 m de large, la pyramide de Cestius - du nom de celui qui s'y est fait inhumer - a été construite à Rome entre
18 et 12 av. J.-C..
 LES DERNIERS SECRETS DU TOMBEAU DE KHEOPS
Cela fait 4500 ans qu'on l'a sous la main, mais la mère de toutes les pyramides du monde ne nous a pas encore tout dit.
- Elle pèse 5 millions de tonnes et son volume est de 2.352.000 m³.
- 52,36 cm : c'est la longueur de la coudée, unité de mesure qui a servit de base à sa construction.
- La chambre du roi mesure ainsi 20 coudée sur 10, soit 10,47 m de longueuer sur 5,23 de largeur.
- À l'origine, la Grande Pyramide atteignait 146,6 m. Avec l'érosion, elle mesure aujourd'hui 137 m pour une base d'environ 230,3 m de côté.
- 2,3 millions de blocs de pierre ont servi à sa construction. Leur poids moyen est de 2,5 tonnes.
- 20 ans de construction : destinée à être le tombeau du pharaon Kheops, elle a donc dû être édifiée durant son règne qui a duré 23 ans (2551-2528 av. J.-C.). Les faces sont orientées sur les 4 points cardinaux.
- Pour bâtir la chambre du roi, plusieurs douzaines de poutres de granit, pesant jusqu'à 60 tonnes ont été acheminées depuis Assouan - 3900 km - par le Nil.
- On estime qu'entre 4000 et 10.000 ouvriers ont participé à la construction de Khéops.
DEUX PYRAMIDES EN UNE ?
Selon Marco Virginio Fiorini, architecte turinois, une pyramide interne, ceinte d'une rampe extérieure, a d'abord été construite. Puis une structure en bois a été placée au sommet, à 138 m, pour fixer des cordes destinées à délimiter les inclinaisons des arêtes et facades. Grâce à ces repères, les Égyptiens ont bâti la seconde pyramide, "externe". Cette énième théorie sur la construction de la pyramide date de 2012. La question taraude depuis des siècles : comment les ouvriers ont-ils pu acheminer des milliers de blocs de pierre en déployant le moins d'effort possible ? Parmi les hypothèses les plus sérieuses, celle d'une rampe extérieure rectiligne qui aurait permis d'acheminer les blocs jusqu'au sommet. "Le problème, c'est que dans ce cas elle aurait été trop longue - 1,6 kilomètre - ou trpp pentue pour permettre aux hommes de tirer des blocs si lourds", tempère l'arthitecte Jean-Pierre Houdin. Dans cette bataille d'idées, le Français a une longueur d'avance : il a pu vérifier la sienne grâce au logiciel 3D de Dassault Systèmes. Selon lui, une rampe extérieure de 325 m et de 8° de pente a permis d'amener les blocs de pierre jusqu'à 43 mètres. "Avec une telle inclinaison, une douzaine d'ouvriels suffisait pour trainer des blocs d'une tonne", assure-t-il. Ensuite, un couloir en spilale, à l'intérieur du monument, a permis de terminer le travail. La reconstitution virtuelle - prenant en compte les côtes, les frottements, le nombre d'ouvrier, la résistance des cordages... - confirme sa théorie. Mais elle ne convainc pas l'architecre Jean-Pierre Adam. Une observation à la caméra infrarouge pourrait les départager. Seul problème : depuis la révolution égyptienne de 2011, tous les projets sont bloqués.
UNE PIÈCE SECRÈTE POUR CACHER LE TRÉSOR ?
Dans le monde de l'égyptologie, l'hypothèse de pièces encore a découvrir est admise. Reste à les localiser... pour trouver le trésor du pharaon ! Pour Philippe Lheureux, technicien du bâtiment qui a publié deux livres sur le sujet, la pyramide cacherait une serrure hydraulique. La chambre du roi (1) ne serait pas un tombeau mais un élément de ce mécanisme secret : en la remplissant d'eau, la pression sur le plafond ferait écouler du sable puis bouger des pierres qui permettraient d'accéder à la chambre secrète. Pas sûr que les autorités égyptiennes acceptent de faire l'expérience...
UNE DEUXIÈME CHAMBRE DU ROI ?
Et si Kheops n'avait pas été enterré à l'endroit prévu ? Sa momie aurait donc échappé aux pillages et dormirait tranquillement depuis 4500 ans... C'est la thèse que défend l'architecte Gilles Dormion. Selon lui, alertés par des fissures dans le plafond de la chambre du roi, les Égyptiens antiques ont dû construire une chambre de substitution. Dans celle de la reine (2), il a remarqué un petit passage et deux systèmes de herses. Des études par radar ont confirmé qu'une structure d'1 mètre de large existait bien 3,5 mètres plus bas. Mais pour savoir si Kheops est bien là, il faudrait introduire une minicaméra... Qu'en pensent les égyptologues ? "L'hypothèse est intéressante, elle repose sur des observations précises -, estime Michel Valloggia. D'autant plus crédible qu'en 2000, après une étude architecturale de la pyramide de Meidoum, à 100 kilomètres du Caire, Gilles Dormion et son coéquipier Jean-Yves Verd'hurt avaient déjà découvert deux chambres inconnues.
AVAIT-ELLE DES INTERPHONES ?
C'est l'un des plus gros mystères de la Grande Pyramide : à quoi servent ces quatre conduits (3) de 20 centimètres de large qui partent de la chambre du roi et de celle de la reine ? En 1993, un robot envoyé à l'intérieur a dû rebrousser chemin à 63 m après avoir butté sur une dalle munie de mystérieuses boucles de cuivre. En 2002, un autre engin arrive à percer la fameuse dalle et tombe... sur un autre bloc. Rebondissement en 2011 : Djedi, un robot conçu par l'université de Leeds et Dassault Systèmes, équipé d'une caméra serpent, a pu filmer l'espace entre les deux pierres. II y a découvert d'étranges hiéroglyphes rouges. Chiffres ? Message d'avertissement ? Ils n'ont pas encore été traduits. Mais pour Jean-Pierre Houdin, l'explication est simple : "Ce sont sans doute des marques de carriers qui donnent des indications de dimensions. Les conduits de la chambre de la reine devaient servir aux ouvriers à communiquer pendant la construction, voilà pourquoi ils ont été fermés après. Quant à ceux de la chambre du roi : ils servaient bien de système de ventilation : l'air froid qui arrivait par le conduit nord était aspiré par le conduit sud". Seul espoir d'en savoir plus : envoyer Djedi percer le second bloc de pierre.
QUEL SURHOMME A HISSÉ DES POUTRES DE GRANIT DE 63 TONNES À 70 MÈTRES DE HAUT ?
Il y a une prouesse dans la prouesse : si la construction de la Grande Pyramide est un exploit, celle de la chambre du roi, faite de 100 dalles et 43 poutres de granit rose à 43 m de hauteur avec des chambres de décharge allant jusqu'à 70 m, en est un autre. "Transporter ces pierres sur un traineau à la force des bras aurait nécessité 600 ouvriers pour un bloc de 60 tonnes, souligne Jean-Pierre Houdin. Comment tous les faire tenir sur la rampe ? Cela semble impossible". Selon lui, les Egyptiens ont mis en place un système pour réduire ce nombre. Voyez la grande galerie avec sa pente de 50°. Situé à l'opposé de la rampe extérieure qu'il a imaginée, ce couloir aurait été conçu pour installer un système de contrepoids fait de cordes et d'un chariot lesté de 3 blocs de granit. Grâce à ce mécanisme, la force nécessaire pour transporter les blocs de granit était divisée au moins par 3. Ce qui ramène le nombre d'ouvriers à 200. Un chiffre qui semble énorme... mais le chantier a pu accueillir jusqu'à 10.000 ouvriers !
C.Soulay - ÇA M'INTÉRESSE HISTOIRE N°22 > Janvier-Février > 2014 |
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