Les Secrets de Giza 3

Le Secret de la Porte des Étoiles

Abusir : Les Domaines d'Osiris (partie 1)

Je vais vous parler d'un lieu clé sur le plateau de Giza. Un lieu que certains n'hésitent pas à désigner comme étant : le plus important lieu de culte au nord de l'Égypte des premières dynasties (et même sans doute avant).

Ce lieu pour moi est l'un des plus mystérieux de la Basse Égypte, avec le sérapeum et la Grande pyramide. il y en a d'autres récemment découverts dont je vous parlerai bientôt. Il s'agit d'un lieu relié à l'eau et sans doute curieusement, comme vous allez le voir dans la 2ème partie de cette Chronique, à l'or : cette "Chaire des Dieux" comme le dénommait les Anciens Égyptiens. Un site "marqueur" de l'exception égyptienne : ce don permanent magnifiquement esthétique et sensible de leur territoire aux "Dieux". Ici avait lieu une célébration si sophistiquée et harmonieuse qui comportait l'utilisation d'artefacts incroyables que nos moyens technologiques d'aujourd'hui auraient bien du mal à reproduire.
Je souhaite donc vous parler de ce lieu particulier sur l'immense site d'"Abusir" nom en arabe ; "Busiris" en grec ; "Busiri" en Copte ; "Per Wsir" (prononcer Ousir) en ancien égyptien : le "Domaine d'Osiris". Notre mot "Sire" en français viendrait de "Ousir / Osiris" comme quoi les connexions entre la France et l'Égypte sont beaucoup plus fortes qu'on ne le croit. À 25 mn en voiture, au sud de la Grande Pyramide, 12 km au sud de Zawyet el Aryan, Abusir est un emplacement très vaste qui contenait à l'origine 14 pyramides de la 5ème dynastie (2500 à 2300 Avant JC., selon la chronologie officielle). Il n'en reste que 5 aujourd'hui :
- celle de Neferirkarâ (72m de haut, base : 105 m, pente 53°7'48'') nommée "La pyramide de Ba (l'âme)",
- celle de Khentkawes II (plus que 17,5 m de haut, base : 45,5 m, pente : c.72°), nommée "Souveraine de la Haute et Basse Egypte",
- Celle de Neferefrâ (ou Râneferef), dont il ne reste que 7 m de haut, base : 65,5 m, pente : 64°30', nommée : "Divin est le pouvoir de Neferefrâ".
- celle de Sahurâ (pyramide de 48m de haut, angle 50°30', côté base : 78,75m) sur une colline de 20 m de haut, nommée "Le Ba (l'âme) de Sahurâ apparaît en brillant",
- celle de Niuserrâ (51,68 de haut, Base : 78,9m, pente : 51°50'35''), nommée "La Pyramide qui est la plus stable des places".

Memphis, capitale de l'Ancien Empire : Il faut bien imaginer qu'il n'y a pas seulement des pyramides. Il s'agit en fait d'un véritable complexe avec petits temples, voies royales et mastabas que l'on excave et restaure encore de nos jours, c'est pourquoi le site est fermé au public, mais j'invite régulièrement des personnes à m'y accompagner. Tout le site d'Abusir mesure un peu plus d'1.5 km², l'ensemble étant situé sur un plateau sédimentaire du Pléistocène de sable et graviers cimentés par lithification. Le lieu dont je souhaite vous parler plus précisément dans ce vaste Domaine d'Osiris, se trouve légèrement à l'écart : à 1 km environ au nord-est de la pyramide de Sahurâ. Lorsqu'on obtient le permis de visite avec toutes les autorisations nécessaires, on accède généralement au bas du complexe d'Abusir puis on marche avec difficulté dans les dunes pentues et glissantes sur cette distance (souvent sous un soleil de plomb), ce qui représente sur ce terrain en marchant assez vite un peu plus de 40mn, jusqu'au site d'Abu Ghurab. Cependant, on peut également reprendre son véhicule après la visite d'Abusir pour arriver au pied d'Abu Ghurab, ce que je fais de préférence lorsque je suis accompagnée de visiteurs. Une fois là, il ne reste plus qu'à grimper par le Nord, une seule dune pour contempler l'extraordinaire temple solaire de Niuserrâ, le site dont je vais à présent vous parler.
Mais avant de vous y emmener, il me faut vous rappeler quelques éléments essentiels. Tout d'abord, ne pas oublier que tout le site d'Abusir se trouve tout contre la capitale de l'Ancien Empire : Memphis, située elle-même à 15 km au sud du Caire. Selon Hérodote l'imposante citée aurait été fondée en 3100 avant J.-C. par Menes (mais certains auteurs en dehors du mainstream n'hésitent pas à avancer la date de 5300 Avt JC.). Il n'en reste aujourd'hui hélas que quelques statues dont la magnificence, colossale, de Ramses II qui est encore là pour prouver l'ancienne magnificience du lieu.Memphis est le nom grec de Men-nefer "La Belle Établie", cependant, on l'appelait à l'époque communément "Ineb Hedj" : "Les murs Blancs". Et surtout ce qui est important, c'est que son nom sacré est "Hi-Ku-Ptah" : "Place du Ka de Ptah" qui s'écrit en grec "Ai-gu-ptos" et qui donne le nom latin d'"Aegyptus" et. nous voici aujourd'hui avec le nom "Egypte". Memphis renfermait non seulement le plus grand centre administratif de toute l'Egypte jusqu'à ce que Thèbes prenne la relève, mais elle contenait donc "Hewet-Ka-Ptah" : "la maison du "Ka" de Ptah", c'est-à-dire l'un des plus grand temples de toute l'Égypte.
Le "Ka" est un des principes spirituels des anciens égyptiens désignant en quelque sorte le "moi divin" de chaque être vivant. Pour vous faire une idée, pour dire que quelqu'un était mort, les anciens égyptiens disaient "Il a été rejoindre son Ka", ce "moi divin", ce "moi supérieur" qui réside dans les cieux quand vous êtes encore sur terre, et que l'on est sensé rejoindre quand notre vie terrienne nous quitte. Donc en Égypte non seulement on honorait les dieux et pharaons en tant que tels mais on honorait aussi leurs "moi divin" et également, nous le verrons leurs "Ba", leurs âmes. Ptah transmet la vie aux dieux mais donne vie aussi à leurs "ka". Il est aussi lié à la résurrection car c'est lui qui donna la fameuse cérémonie de "l'ouverture de la bouche" dès les premiers temps, quand on la comprenait encore. Les prêtres du temple du Ka de Ptah à Memphis se nommaient "wer kherep hemw" : "Les plus grands contrôleurs des artisans". Cette appellation avait pour but d'honorer Ptah en tant que Créateur, celui qui est décrit dans le "Textes des sarcophages" (Textes en hiéroglyphes cursifs du Moyen Empire), comme celui qui créa les autres dieux et qui fonda "Ta-Tenen" "La Terre qui se distingue des eaux primordiales". Dans les anciens textes, on trouve que Ptah forgea "l'immense plaque de métal qui est le sol du paradis et le toit des cieux". On pourrait dire donc qu'il est l'intermédiaire entre la Terre et les cieux, le contrôleur des échanges entre les dieux et les hommes. Ceci pour souligner l'importance extraordinaire que prenait dans les temps anciens cette cité de Memphis qu'on nommait encore "Ankh Tawy" "Celle qui relie les deux terres", la Haute et Basse Egypte bien sûr, mais aussi peut-être la terrienne et la céleste comme nous allons le voir.

Le méridien dit d'Osiris : Donc à Memphis et par conséquent à Abusir et au petit temple solaire de Niuserrâ, nous sommes réellement au cour des choses, à la croisée de deux zones qui se mêlent horizontalement et verticalement. N'oublions pas que les égyptiens avaient pour coutume de dire que leur terre se trouvait au centre du monde et que la plus sacrée se trouvait au centre.
Or une deuxième chose qu'il faut que vous sachiez pour bien saisir l'importance du lieu que nous allons explorer ensemble c'est qu'il y a plusieurs Abusir en Égypte et que le savoir implique beaucoup de choses. Il y a ainsi un Abusir au nord (Busiris : 30°55'N et 31°13' E), puis le "nôtre" (29°53'N et 31°13 E) à Giza, et enfin un dernier Abusir dans le sud, en Nubie, à 260 km au sud d'Aswan (21°50'N et 31°13'E) près de la forteresse de Buhen (Bhn) aujourd'hui malheureusement recouverte par les eaux du lac Nasser depuis la construction du barrage d'Aswan en 1964. Or plusieurs chercheurs font état de l'existence d'un méridien dit d'Osiris. Et le remarquable ingénieur hollandais Willem H.Zitman nous indique même dans sa recherche cartographique méticuleuse que ce méridien commencerait à Abusir du nord (Busiris), passerait par "notre" Abusir (Memphis), longerait tout le champ de pyramides et finirait à l'Abusir près de Buhen. Tous ces sites Abusir seraient donc alignés parfaitement sur le 31°13'E. Ce méridien passerait ainsi par neuf zones différentes. Ce qui prouverait comme les travaux en métrologie du professeur Stecchini à l'université d'Harvard qui lui, prouve que le delta a eu une parfaite partition géométrique, que tout le territoire a été pensé, modelé avec une précision mathématique étonnante, il y a très très longtemps.
Le chercheur Néerlandais Zitman indique même que "Ces faits révèlent que la capitale première de Memphis a été le cour vibrant de leur monde, un monde qui est né vers 5300 avt JC. C'était un monde pris par la vie qui conservait le souvenir de la catastrophe survenue (NB : un des déluges). Le souvenir de la désintégration du monde était commémorée à Busiris-Abusir annuellement par la fameuse cérémonie de la levée des piliers Djed." ("Egypt : "Image of Heaven" par W.H Zitman). Ces piliers Djed censés soutenir la voûte des cieux, étaient symboliquement garants de la stabilité de la planète. En fait, il y aurait 4 piliers Djed car on retrouve des bas-reliefs représentant 4 piliers, ce qui est la logique quadripolaire. C'est pourquoi je suis d'accord avec l'auteur Vincent Brown lorsqu'il démontre que la représentation du Djed avec ses 4 "coupelles" est en fait une vision dans l'espace particulière aux égyptiens qui avaient un sens très différent de la perspective par rapport à la nôtre. L'empilement des coupelles représentent en fait 4 piliers différents, l'un derrière l'autre en une seule image renfermant à elle seule la force quadripolaire, les 4 directions de l'univers.
Vous avez d'ailleurs la représentation de "Didu, Djedu" habillé et symbolisant les 4 coins du monde. C'est aussi pourquoi les piliers Djed étaient considérés comme un talisman très puissant et l'on en couvrait littéralement les momies. N'oublions pas que la cérémonie de levée du Djed symbolisait aussi la résurrection d'Osiris et le renouveau des cycles annuels. Le Djed représentait également la colonne vertébrale d'Osiris, sa force aux 4 coins de l'univers. Sir Wallis Budge le grand égyptologue anglais qui a toute mon admiration, malgré le dédain qu'il reçoit de certains aujourd'hui, précisait bien que la portion du haut du Djed correspondait bien au hiéroglyphe ancien désignant des vertèbres.
Donc nous voyons que ces 3 cités d'Abusir très distantes les unes des autres, ces domaines d'Osiris, étaient reliés en une seule ligne en honneur d'Osiris "Seigneur du Djed" apportant stabilité et abondance au pays. Nous comprenons également que "notre" Abusir (Memphis) était au cour stratégique d'un échange entre les cieux et les deux terres d'Égypte. Sans compter qu'Osiris résidant dans le monde souterrain nous pouvons aussi ajouter ce monde aux autres, cela nous fait donc 4 lieux s'échangeant des informations. Osiris, rappelez-vous, est le dieu qui dirige les autres dieux sur terre, son père est le dieu Râ, son fils est Horus, et grâce à sa mort, puis sa résurrection due à la persévérance d'Isis, il a légué aux égyptiens ce qu'ils appelaient "Le rituel de Vie", ces rituels collectés en partie dans "Le Livre de la sortie au jour" mal traduit par "Livre des morts". D'autre part, Osiris était identifié comme l'a écrit d'ailleurs Plutarque, à Canopus, et non pas à Orion comme beaucoup l'ont affirmé. Dans le zodiaque de Denderah, Osiris est dessiné à l'opposé d'Orion. (Eh oui !). Ainsi, Canopus, cette étoile polaire du sud représentait pour les anciens égyptiens l'étoile guide des morts, la transformation et le voyage vers d'autres dimensions, voyez donc comme tout devient logique.

Le temple solaire de Niuserrâ : Maintenant nous pouvons aller au petit temple de Niuserrâ. Abu Ghurab, le nom du site, est un nom arabe relativement moderne qui signifie "Le père aux corbeaux" ou plus exactement "Le site aux corbeaux". C'est un site désolé à cause des ruines éparses dans les dunes, et très venteux. Mais dans les textes arabes classiques du Moyen Âge on voit aussi le terme de "Ma'bad esh Shams" "le temple du soleil" ce qui est bien plus approprié comme nous allons le voir.
W.von Bissing (1873-1956) découvrit ce site à la fin du 19ème siècle. Puis le site fut excavé entre autres par Ludwig Borchardt (1863-1938) et beaucoup plus tard par Miroslav Verner. Qui était donc Niuserrâ ? Son nom signifiait "Possédé par la force de Râ", Rathoris en grec, (Nom d'or "Sbik nbw ntr" "Le faucon doré est divin"). Il régna selon certains de 2416 à 2392 avant JC. Ce fut le 6ème pharaon de la 5ème dynastie. Je me range plutôt derrière l'avis de l'égyptologue Kim Ruyholf qui examina et analysa plusieurs fois le fameux papyrus de Turin où se trouve la liste des rois et qui pense que Niuserrâ régna beaucoup plus longtemps. Verner aussi le pense. On sait par les inscriptions que Niuserrâ compléta les pyramides voisines de son père Neferirkarâ et de son frère Neferefrâ et inséra la sienne entre celle de Sahurâ et Neferirkarâ. À l'origine, ces pyramides d'Abusir étaient disposées en diagonale pour s'aligner sur Héliopolis au loin. Abusir était le dernier endroit le plus au sud d'où l'on pouvait admirer le sommet de l'obélisque doré du temple de Râ d'Héliopolis la resplendissante.
Héliopolis "La cité du soleil", Iunu, la fameuse "On" de la Bible, est maintenant un quartier du Caire. On dit d'ailleurs que le temple du soleil de Niuserrâ est possiblement, une copie en petit du grand temple (le plus grand de toute l'Egypte auparavant) de Râ-Atum (Râ représente le soleil à son zénith et Atum le soleil au couchant) à Heliopolis. Il n'en reste plus aujourd'hui qu'un obélisque de Senusret 1 et quelques colonnes. Non seulement, Strabon, Platon, Hérodote, Diodore de Sicile, Phythagore et bien d'autres venaient de loin étudier toutes les sciences dans le grand temple d'Héliopolis réputé pour le haut niveau en sciences de ses grands prêtres mais celui-ci renfermait bien des mystères. Il y avait dans l'enceinte du temple un objet extrêmement important "le château du Benben" "Hout Benben". Le Benben était censé être, ou représenter, la première pierre où l'oiseau Benu se serait posté à l'aube de la création du monde. On pense que Benu est dérivé de "weben" qui veut dire "s'élever en brillant" et "Bn" : ascension. Ce très grand héron sacré est selon les anciens égyptiens le réceptacle de l'âme (ba) de Râ. Le moins qu'on puisse dire c'est que c'était un oiseau rare. Il est dit dans les textes que "Son souffle de vie fait exister". Il était aussi le symbole du renouveau, de la résurrection (Phénix des grecs) et symbolisait l'Osiris régénéré. Il nous dit "Je suis l'oiseau Benu, le cour et l'âme de Râ, le guide des Dieux vers le Duat" ("Livre de la sortie au jour"). Pour ceux qui seraient tentés de penser en termes de légendes et mythologies, je conseille de consulter les derniers travaux des paléontologues. En effet le Dr. T.Rasmussen et d'autres paléontologues ont retrouvé dans le Jebel Qatrani, à Fayoum, juste un peu plus au sud d'Abu Ghurab des os et fossiles d'un héron géant qui correspondrait bien au Benu ("Hindlimb of a giant terrestrial bird from upper Eocene, Fayum, Egypt"). Si je vous parle du benben d'Heliopolis, c'est qu'il y en avait un au petit temple solaire de Niuserrâ.
Ce temple d'Abu Ghurab (datation officielle : ca. 2450 Avt JC.) se nommait "Shesepu-ibrâ" c'est-à-dire "La joie de Râ". Ce temple ressemble beaucoup à un complexe pyramidal classique avec son temple bas de la vallée, une chaussée montante et un temple haut avec obélisque, mais ce n'en est pas un car c'est en tout premier lieu un centre de culte à l'air libre. Il comporte bien un petit temple dit de la vallée où arrivaient les gens après avoir laissé leurs bateaux près du Nil en bas. Puis ils montaient la chaussée escarpée comblant une dénivellation de 16 m sur 112 m, jusqu'au petit temple haut. Il y avait là à l'origine une porte massive, un vestibule qui donnait sur la grande cour rectangulaire du culte à ciel ouvert, aujourd'hui pleine de débris de pierres parfois colossaux, où l'on trouve au fond une petite pyramide-tertre (que certains égyptologues désignent sous l'appellation "podium") de 20 m de hauteur en blocs de calcaire anciennement à degrés avec un revêtement de granit rouge contre la base. Encore une représentation du tertre primordiale, du refuge premier ? Il existait jadis une allée montante en forme de spirale carrée reproduisant le hiéroglyphe "refuge, abri" qui permettait de monter au sommet sur la terrasse où se trouvait le fameux benben, un cône en pierre, plus tard remplacé sans doute par un petit obélisque doré. N'oublions pas que le terme ancien pour obélisque est "Ib Râ", "le cour de Râ" et représentait un rayon de lumière venant du cour de Râ, le pouvoir du soleil enchâssé dans la pierre.
Quand je suis montée au sommet après autorisation, j'ai essayé d'imaginer la vue magnifique qu'il devait y avoir jadis. De là on pouvait voir briller au nord l'obélisque doré d'Héliopolis et au sud les sommets des pyramides d'Abusir. Cela devait être splendide ! Devant l'entrée au sud de ce petit couloir ascendant au sommet de la pyramide se trouve une petite chambre allongée, sans toit que l'on nomme la salle des saisons, car ce qu'il restait des murs était sculpté de reliefs décrivant l'alternance des 3 saisons de l'Egypte. Il ne reste plus que la partie dépeignant la période de l'inondation "Akhet" (celle de la récolte "Shemu" se trouve au musée de Berlin). Beaucoup de reliefs pris par les musées allemands ont malheureusement été détruits pendant la dernière guerre. Et juste à côté on découvrit une petite chapelle dont les murs décrivaient les rites de la fondation du temple et surtout la fête Sed. À l'origine de cette fête Sed, le pharaon devait courir nu en plein soleil et en état de jeûne jusqu'au coucher du soleil disent certains, autour d'endroits symbolisant les différentes provinces de l'Egypte du sud et du nord. Si pharaon ne mourait pas d'épuisement, cela voulait dire que pharaon était renouvelé dans ses fonctions par l'approbation des dieux et il s'en suivait toutes sortes de rites secrets à l'abri des yeux dans le Saint des Saints du temple dont des rituels vivifiants de rajeunissement (Voir ma Chronique dans TS n°37). Donc nous pouvons être sûrs que dans l'enceinte de ce lieu s'est déroulée cette cérémonie si importante et rare avec au moins le pharaon Niuserrâ. Je dis au moins car pour moi ce complexe est sans doute encore beaucoup plus ancien. Les archéologues ont en effet découvert deux étapes de construction pour ce lieu, dont une première phase construite en briques de terrasses massives surtout sur le versant Nord et Est de la plate-forme rocheuse formant l'assise du temple. Il est possible qu'il y ait encore quelque chose d'autre en dessous. Il n'est pas rare en Egypte que des lieux soient reconstruits plusieurs fois puis que des pharaons successifs s'attribuent les lieux.
Et là nous arrivons au plus extraordinaire : au pied de cette petite pyramide trône une incroyable structure en albâtre. Un autel monumental composé de quatre blocs d'albâtre sculptés et d'un bloc sphérique central. La façon dont est coupée la pierre, les angles et les arrondis lisses démontrent l'utilisation d'une technologie sophistiquée. Ces blocs n'ont sûrement pas été tranchés à la main ! Or, ces 4 blocs avec les sortes de flèches pointant exactement vers les 4 points cardinaux sont 4 fois la représentation du hiéroglyphe "Hotep" (dessin d'un pain posé sur une natte de roseau ). "Hotep" est traduit par les différents égyptologues comme "Offrande" ou "paix". Je pense que les deux courants ont raison. Cet autel est bien la représentation d'offrandes aux quatre horizons car la formule classique d'offrande égyptienne commence toujours par ce hiéroglyphe comme dans "htp di nsw wsir nb ddw ntr'â..etc" "Une offrande faite par le roi à Osiris le dieu de Busiris (Djeddu).etc") et c'est bien un symbole de paix dans le sens d'unité des terres et des cieux car s'adressant aux quatre polarités. Et nous avons au centre le bloc cylindrique correspondant à la représentation du soleil : Râ, unifiant le tout. N'oublions pas que Râ dérive aussi du verbe Râ qui veut dire donner et faire être une chose ou une personne. C'est peut être pourquoi la tradition orale des gens du lieu avec qui j'ai conversé bien des fois disent que les dieux jadis ont atterri en personne ici.
En tout cas il y a encore sur cet autel des traces d'emplacement de petites portes avec gonds aux 4 coins. Mais ce qu'il faut savoir c'est que ce lieu des 4 points cardinaux autour d'un axe qui symbolise l'axe polaire, le lien entre ciel et terre, symbolise aussi les 4 vents porteurs d'informations, des 4 coins de l'univers, engendrés par un souffle unique. Nous avons sur cet autel l'emplacement pour les dieux quadripolaires que sont Horus au nord (le vent du nord,), Seth au sud (vent du sud), Dwnnwy ("Celui qui déploie ses ailes" et qui tient le méridien) à l'Est et Tehuti-Thot à l'Ouest (Il existe des positionnements différents des mêmes 4 dieux selon les textes et les époques). Notons que pour que la cohésion du monde se maintienne, les 2 contraires : Horus et Seth sont toujours à l'opposé l'un de l'autre et s'attirent. L'Horus magnétique en face du Seth ferreux.
Dans la deuxième partie de cette Chronique consacré à ce lieu extraordinaire, en continuant la visite, vous allez découvrir bien d'autres artefacts incroyables s'y trouvant, et découvrir pourquoi les pharaons de ce site avaient tous rajouté à leurs noms, le suffixe Râ comme vous avez dû le remarquer. Et vous découvrirez -pourquoi pas- la solution de l'énigme. "À quelle autre utilité bien pratique pouvait bien servir ce temple solaire attribué au pharaon : Niuserrâ ?". Encore une fois, vous risquez d'être bien surpris.
Antoine Gigal : Pour contacter l'auteur Phivortex@wanadoo.fr, www.gigalresearch.com

Antoine Gigal - TOP SECRET N°39 > Octobre-Novembre > 2008

Abusir : Les Domaines d'Osiris (partie 2)

Le Seigneur du Duat, les bateaux et l'eau du Déluge

Lors de notre précédente Chronique, je vous ai parlé du petit temple du soleil (nommé : "La joie de Râ") du pharaon Niuserrâ, datant officiellement de 2450 Avant J.C.. Ce temple se trouve sur le plateau de Giza à Abu Ghurab (15 km au sud du Caire), dans l'enclos sacré d'Abusir : le Domaine sacré d'Osiris. Je vous ai parlé de sa proximité avec la capitale de l'Ancien Empire, Memphis (datant officiellement de 3100 avant J.C.), contenant jadis l'un des plus grands temples de toute l'Egypte dédié au dieu Ptah, le Créateur des autres dieux et de la première Terre émergeante des eaux, à l'origine de notre planète. J'ai parlé aussi de l'importance significative de la position centrale de ce petit temple d'Abusir sur un méridien dit "d'Osiris" et son lien avec le pilier Djed représentant les quatre directions de l'univers et la stabilité cosmique. Je vous ai parlé enfin du monumental autel d'albâtre se trouvant là, véritable exploit technologique quant à son aspect et sa finition, et qui symbolise à lui seul l'axe central reliant la Basse Égypte, la Haute Égypte, le monde souterrrain, les cieux et par conséquent, les quatre polarités. Le tout en correspondance avec le tertre­pyramide et le ben ben (obélisque de l'origine) voisin reliés ensemble visuellement à distance, à la cité du soleil d'Héliopolis par l'or brillant du sommet de leurs obélisques respectifs.
Lorsque vous lisez des textes sur ce petit temple solaire de Niuserrâ sur les sites internet porte-voix d'une égyptologie classique, il n'est pas rare qu'on vous dise que le sens et la signification d'une telle structure ne sont pas complètement compris ("The exact meaning and significance of this structure is not completely understood"), que sa connexion, avec un culte solaire est évidente à travers le symbole de l'obélisque mais... ensuite on vous reparle d'un culte mortuaire. Toujours cette manie de vouloir transformer des structures extrêmement anciennes qu'on ne comprend pas bien en site mortuaire, même s'il n'y a en l'occurrence, ni corps ni tombes. Il est évidemment plus facile de cacher sous le terme générique "nécropole" ou "site mortuaire", des structures que l'on ne sait expliquer ou plus exactement qu'on ne cherche même pas à expliquer. C'est à se demander s'il n'existerait pas en fait un culte actuel prépondérant pour le macabre. Et je vous le répète, en ce qui concerne ce petit temple, il n'y a aucune tombe, ni mastabas même pas de sépultures rajoutées plus tard...
Nous allons voir aujourd'hui que la signification de ce petit temple va sans doute bien au-delà de supposés mythes ou d'une utilité purement religieuse. Une fois de plus vous constaterez que l'ingéniosité et la sophistication des Anciens Égyptiens n'avaient pas de limites.

Retournons sur le terrain
Quand on arrive sur les lieux, la première chose que l'on constate sur la plateforme du site, là où se trouve le fameux autel monumental en albâtre, c'est le nombre incroyable de débris de pierres disséminés partout. On trouve en effet de gros bloces de pierres fracassés, d'énormes plaques de pierres soulevées, de granit rouge parfois foré, d'albâtre, de calcaire, de diorite, de schiste, de basalte, de feuilles de mica affleurant au sol, des millions de petits fragments absolument disséminés partout. On se demande quelle invasion étrangère jadis a pu détruire à ce point ce très haut lieu. Quelle déflagration à provoqué une telle destruction ?
Il ne s'agit pas de ruines à proprement dites mais d'une destruction massivent sauvage... Heureusement, il nous reste des traces, et quelles traces ! Revenons une minute sur l'autel d'albâtre dont les blocs, véritables hiéroglyphes sculptés du mot "Hotep" traduit par "paix" et "offrande", pointent exactement aux quatre polarités. Cet autel est constitué d'albâtre translucide, plus exactement de calcite. C'est en fait un immense cristal car il est composé d'agrégats de cristaux de calcite. Hormis le fait que la calcite est souvent la matrice d'émeraudes et de béryls (cela vous parle "la table d'émeraude" ?), il ne s'agit pas ici de n'importe quelle calcite. Il s'agit de ce qu'on appelle "Honey calcite, Calcite­miel", mais qu'on nomme aussi calcite ambrée et calcite d'or.
Nous verrons plus loin que le mot or a son importance ici. On dit que cette calcite est associée au plexus solaire, quoi de mieux pour un temple solaire. C'est en tout cas selon. les spécialistes un amplificateur d'énergie conséquent. Une autre propriété de la calcite, mal connue, attira mon attention : c'est la propriété de la double réfraction. Regardez la photo ci-contre : vous pouvez voir deux fois le mot calcite inscrit une fois. Si vous tournez autour de la pierre inscrite, une seule image du mot restera sur place tandis que l'autre tournera en même temps que vous. Quel plus beau symbole à la fois d'unité et de différence et en même temps de la course solaire ! De plus vous devinez un arc-en-ciel. Cette pierre capte les arcs-en-ciel. Quoi de plus symbolique pour un lieu censé représenter l'unité des mondes et la communication entre eux que l'arc-en-ciel, cette arche, ce pont vers les 7 niveaux des cieux, unifiant par son spectre de couleurs tous les types d'ondes se propageant et se reproduisant à l'identique, plus tard dans le temps et plus loin dans l'espace... Ce "pont flottant dans les cieux", chemin utilisé par les dieux... rappelez vous la Bible : "Et Dieu dit: Voici le signe de l'alliance que je mets entre moi et vous et tous les êtres vivants qui sont avec vous, pour les générations à venir : je mets mon arc dans la nuée et il deviendra un signe d'alliance entre moi et la terre". (Genèse IX-12-17).
Les Anciens Égyptiens avaient bien utilisé cette calcite à dessein pour constituer cet autel, cette table d'orientation monumentale : car le soleil, l'observateur et le centre du cercle (censé représenter déjà le soleil pétrifié : 1,80 m de diamètre) de la table-autel où l'on devait capter l'arc-en-ciel, sont toujours sur la même ligne, unis malgré eux, l'arc­en-ciel se situant toujours à l'opposé du soleil. Encore une fois l'unification des contraires. Cette pierre est fluorescente sous UV, sous différentes longueurs d'ondes, avec des émissions rouges et blanches. Or la lumière rouge réfractée apparaît comme étant celle qui est la plus haute dans le ciel et forme la couleur externe de l'arc-en-ciel. La calcite permet de rejoindre donc "le plus haut des cieux"... Les indiens Pueblos considéraient l'arc-en­ciel comme une échelle permettant d'accéder aux temples souterrains... Donc nous voici véritablement devant un autel dont la calcite unifie tous les mondes depuis le royaume souterrain jusqu'au plus lointain dans les cieux. Certains iront même plus loin en rappelant qu'au Caucase la calcite a la réputation "d'aspirer" l'eau des fleuves et des étendues d'eau et même de soulever les hommes de la terre vers le ciel...

Les débris
Regardez bien les photos. Vous avez des plaques de pierre retournées à l'envers où l'on voit en-dessous une rigole creusée et sur tout le pourtour de la pierre une rainure importante et parfaite de précision qui devait servir à faire emboîter les plaques entre elles. Vous voyez des plaques à l'endroit, brisées où il y a la trace visible de petites rigoles de ruissellement creusées. Vous avez aussi l'évidence de rigoles de ruissellement courant sur les plaques et ayant couvert certainement toute la cour du petit temple. Parfois les rigoles arrivent à de petits trous recueillant le liquide. Et même à l'extérieur du petit temple de Niuserrâ, sur tout le site d'Abusir, vous trouvez des petits bassins auxquels aboutissent des conduits irriguant certainement jadis tout le site. Nous trouvons même des bassins de pierre avec une inclinaison et plusieurs trous d'évacuation prouvant que le lieu a servi sur de vastes étendues, et en tout cas dans l'enclos du petit temple solaire, au ruissellement en pente de petites rigoles d'eau parfaitement alignées.
Encore mieux : dans la cour du temple vous avez des grands bassins (1,18 m de diamètre) en calcite encore, déplacés et alignés au fond de la cour ! Ces bassins énormes en albâtre avec des trous d'évacuation sont cerclés de couronnes dentées. Je dirai un peu plus loin ce que j'en pense. Ces vasques n'étaient pas disposées à cet endroit à l'origine car il y a encore les restes d'un bassin scellé dans le sol au coin sud-est du tertre à l'obélisque, et vous trouvez d'autres vasques en albâtre sur le côté nord du tertre avec plusieurs trous d'évacuation et différentes inclinaisons sans couronnes dentées. Donc nous avions à l'origine un vaste champ clos en hauteur couvert de plaques de pierres sur lesquels couraient en lignes droites des rigoles avec inclinaison et des bassins d'albâtre disposés tout autour du tertre-pyramide avec différentes inclinaisons aussi (j'ai calculé jusqu'à 14 cm de surélévation), plusieurs trous d'évacuation rejoignant ailleurs d'autres bassins dentelés avec deux trous d'évacuation. On est tenté de voir là un immense système de fontaines en cascades avec des bassins à différents niveaux.
Imaginons ce que cela devait être au soleil jadis avec le murmure de l'eau courante et des arcs-en-ciel suspendus dans les gouttes d'eau partout... On est bien loin de la vision d'une majorité de l'orthodoxie égyptologique qui ne voit elle, que des rigoles de sang suite à des sacrifices alors qu'il n'y a pas le moindre reste d'ossements, ni d'attaches pour animaux, ni de couteaux retrouvés, ni d'endroit pour parquer les animaux ce qu'on retrouve absolument toujours dans les sites d'abattage. Comment peut-on se permettre d'affirmer comme établies des thèses qui ne reposent sur aucune preuve ? On est estomaqué du manque de sérieux et de bon sens de cette affirmation. En Égypte, les tables de sacrifice des bouchers sont en pierres dures, les rigoles petites et dans des lieux écartés. On n'a pas besoin pour ce faire de magnifiques bassins d'albâtre en cascades et d'un immense puzzle de plaques incroyables couvrant tout le site avec un système hautement sophistiqué d'irrigation. Nous sommes dans l'enceinte d'un temple sacré, rappelons-le, et on ne tue pas dans l'enceinte du Saint des Saints. L'un des gardiens de la tradition orale du lieu m'a dit que ce tertre et ce site était jadis dédié à l'eau et que -je cite ses paroles sans essayer de les interpréter- : "L'obélisque présent sur le tertre faisait venir l'eau du ciel lorsqu'on émettait des sons et les bassins au pied du tertre servaient à recueillir cette eau divine"...
Les Anciens disent aussi que le cristal (la calcite) était utilisé pour la transmission du son. II est vrai que la calcite a des propriétés de résonnance. En tout cas je me rappelais une phrase d'un des maîtres de cette tradition décédé récemment à Giza, Abdel Hakim Awyan : "Ce qui était décisif pour construire tout temple c'est un endroit où de l'eau courante passait et qui était également une source de cristaux". Or ici vous avez les deux : les cristaux calcite-albâtre et de l'eau, car il y avait un lac à proximité qui se nommait d'ailleurs le lac d'Abusir, sans compter le Nil voisin et possiblement aussi des sources souterraines, voire le passage d'un ancien Nil (Proto-Nil) devenu souterrain, plus à l'ouest, comme le suggère certains experts. En tout cas on trouve beaucoup de limon tout autour du site indiquant la présence ancienne d'étendues d'eau. Mais tout ceci ne me suffisait pas comme explication, je soupçonnais déjà quelque chose d'autre mais il m'a fallu du temps pour m'en assurer pleinement.
Comme je l'ai expliqué dans ma Chronique précédente, ce lieu d'extrême importance est certainement encore beaucoup plus ancien que la date officielle ne veut bien l'affirmer. Certains chercheurs n'hésitent pas à donner une origine pré-dynastique au site. Pour nous en assurer il faudrait excaver encore, admettre la datation que donnerait en fait les autres étapes de construction (on en a déjà retrouvé une autre en dessous) mais si vous me lisez depuis un moment vous comprenez les réticences à le faire. Or à travers toutes ces époques, tout ce temps, ce petit temple a pu servir à différentes choses ce qui complique encore les choses... Mais ici on a assurément un dispositif où l'eau joue un rôle primordial, un lieu hautement vivifiant car comme on le dit en ancien égyptien "elle a de l'eau" s'écrit : "elle a de l'ankh", c'est-à-dire de la vie. On dit aussi dans les anciens textes que l'eau est versée pour la dissémination de la sagesse. Il faut d'abord se rappeler que tout le lieu est un culte au Dieu soleil Râ (Nom du petit temple : "Shesepu-ib-Râ" : La joie de Râ). Ainsi tous les noms des pyramides et temples d'Abusir, ainsi que les noms des pharaons de la zone, comportent l'ajout du mot "Râ" dans leurs titulatures. (Voir la liste des noms en début de dossier). On a même parlé d'une théologie d'Abusir comme d'une extension du culte solaire d'Héliopolis. Donc, les noms en rapport avec l'obélisque sur le tertre qui est censé être un rayon pétrifié de Râ et le ben ben à Heliopolis renvoyant les rayons dorés de Râ. Les rayons solaires de Râ nous parlent de résurrection ainsi que la fête Heb Sed de revitalisation du pharaon qui se déroulait dans la cour du petit temple solaire de Niuserrâ. C'est pourquoi, beaucoup ont penché pour un lieu de revitalisation par l'eau et le soleil. On a parlé d'un système "d'énergisation" de l'eau pour se baigner et se renforcer et même de production d'eau "électrum" à boire. Je dis peut-être, mais il y a beaucoup mieux comme vous allez voir.
Je me suis d'abord dirigée logiquement vers le doré et l'or symbole de Râ. Le chercheur William Henry ("Place of the gods") pense carrément que les bassins étaient des vasques de décantations pour le traitement de l'or en poussière et fragments. Il pense que le mica présent sur les lieux avec ses propriétés d'isolant de haut voltage électrique et de semi-conducteur pourrait entrer d'une façon ou d'une autre dans le processus de charrier ses eaux et de servir à l'obtention d'un or raffiné. Ce serait déjà beaucoup plus intelligent que les flots de sang officiels. Mais cela ne me convainquait pas encore totalement.

La piste de l'or
Rappelons que l'or était considéré en Égypte comme "la chaire des dieux", la manifestation dans cette densité matérielle de la brillance du dieu Râ, un métal divin représentant donc l'immortalité. Y avait-il de l'or à raffiner en Egypte, ab moins à l'époque des pharaons de la 5ème dynastie ? Assurément oui, même si le cuivre était le premier métal d'utilisation intensive. Il y avait deux types d'extraction. L'un "Nub-en-set" se nommait: "L'or des montagnes" et il était pratiqué dans les mines surtout dans le désert de l'Est et en Nubie. L'autre "Nub-en-mu" ou : "Or des rivières" est une extraction par le sable aurifère des lits de rivières. Il est indiqué que l'on utilisait pour ce faire les couches sédimentaires, la vase, or c'est le cas de le dire, il y en beaucoup à Abusir. D'autre part, nous avons les bijoux en or de la reine Hetepheres I de la 4ème dynastie et nous avons le corps du frère de Niuserrâ recouvert d'or dans un bas-relief d'Abusir.
Nous savons aussi par une inscription que Niuserrâ était très actif dans le Sinaï, dans les mines de cuivre et de turquoise de Magharah et qu'il faisait du commerce avec le fameux pays de Punt pour de la malachite, de la myrrhe et de l'électrum (un mélange d'or et d'argent mais parfois un or qui comportait des impuretés d'argent était appelé électrum qui était très prisé pour sa brillance et sa permanence) comme Sahurrâ avait fait auparavant et on a trace de ses activités dans les mines de gneiss au nord d'Abu Simbel. Donc nous avons bien là trace d'or et d'un pharaon très impliqué en recherche des ressources minières. Il arrivait aussi que l'on obtienne de l'or en martelant des 'quartzites' contenant des particules d'or le réduisant en poussière avec l'aide entre autres de moulins manuels. En tout cas l'or trouvé dans des dépôts sédimentaires était lavé de la vase avec de l'eau afin que les particules brillantes ressortent et le dispositif sur le site du temple de Niuserrâ aurait pu parfaitement servir à cela : des rigoles brillantes d'eau charriant les particules aurifères ramassées en dépôts dans les bassins, le tout étincelant aux rayons solaires de Râ répondant à la brillance dorée du benben et du sommet des pyramides. Les dentelures des bassins, pleine d'eau et d'or pouvaient dessiner autant de soleils rayonnants. Cela pouvait représenter un spectacle magnifique en l'honneur du dieu et en même temps avoir une utilité conséquente. Surtout que le sable aurifère pouvait avoir été transporté de toute l'Égypte sur le Nil par des barques appontant sur le site. Tout cela est envisageable, mais il me manquait toujours quelque chose. Je suis alors "tombée" sur les travaux remarquables d'un Professeur en géologie de l'université de Saint Cloud, Minnesota, le Dr Ivan Watkins ; travaux sur l'or inca...
Watkins remarqua dans un musée au Pérou de grands bassins d'or. Il pense sérieusement qu'ils servaient de réflecteurs pour concentrer et faire converger l'énergie solaire. Il suggère que les anciens Incas chauffaient et coupaient la pierre en utilisant une série de réflecteurs paraboliques en or pour concentrer l'énergie solaire. Les "bassins miroirs" devaient être supportés par des lits de granite. Selon le Dr Watkins, l'or est un magnifique réflecteur, le parfait matériau pour capter les rayons du soleil et le faire converger en un rayon de lumière assez puissant pour couper la pierre. Et à Abusir sur le sol vous avez tous les formats et toutes les sortes de pierres. Il fallait juste un pays au fort ensoleillement comme le Pérou ou l'Égypte. Si vous êtes dubitatif sachez que le géologue David Lindroth a démontré que 100 watts d'énergie lumineuse convergeant en un faisceau de 2mm de diamètre pouvait couper la pierre. Cela porte un nom : la désagrégation thermale.
Sur le site du petit temple soit les bassins avec différentes inclinaisons étaient recouverts d'une fine couche d'or réflective (il y a l'emplacement pour de telles couches dans les bassins. Je pense surtout aux bassins en pierre au pied du tertre et peut-être sur les étages du tertre lui-même), soit la surface polie de l'albâtre des bassins servaient de miroirs. Avec les multiples invasions, l'or est la première chose qui a disparu comme pour les pyramidions dorés. Ce qui est intéressant c'est que Watkins explique bien que le fini réfléchissant des pierres incas est similaire a celui des pierres égyptiennes et que non seulement les rayons solaires correctement réfléchis peuvent couper la pierre mais également fondre les fragments de quartz à l'intérieur de différents types de pierres. Cela peut nous indiquer comment de l'albâtre de la taille et du fini de l'autel a finement était coupé et comment des pierres aussi dures que le granit ont été tranchées. Certains granits contiennent jusqu'à 15 à 30% de cristaux de quartz. Les plaques de granit à la base du tertre-pyramide sont incroyablement lisse et c'est assez courant sur tout le territoire. La désagrégation thermale fonctionne fort bien. D'autre part, en ce qui concerne le petit trou circulaire que vous avez vu sur la plaque de pierre de la photo page 60, en bas à gauche, (il y en a partout sur le site), des ingénieurs que j'ai consulté m'ont expliqué que c'est là sans doute un point d'eau de chauffage par le soleil. L'ensemble pouvait chauffer les pierres et l'eau sur toute la surface. Quoi qu'il en soit, Watkins a fait beaucoup mieux que lancer une nouvelle hypothèse. Il l'a carrément prouvée. Aller donc consulter son brevet sur internet. (US patent n04611857) "Appareils concentrant et faisant converger l'énergie solaire pour couper, modeler et polir les pierres" ("Solar powered focusing and directing aparatus for cutting shaping and polishing stones"). On ferait bien de s'en servir aujourd'hui dans les pays ensoleillés...
Un lieu de modelage et découpage de la pierre avec l'aide de Râ par le biais du soleil et de métaux comme l'or est exactement ce qui correspondrait au dieu Ptah du sanctuaire de la capitale voisine de Memphis, celui qui donnait vie et façonnait toutes les formes... On ne peut que s'extasier devant le haut degré et à la fois la simplicité des techniques des Anciens égyptiens. Ce qui relie ce lieu d'Abusir aux Incas c'est aussi le fait que le Pérou était considéré comme la terre des quatre coins de l'univers "Tawantinsuyu" et Abusir comme je vous l'ai dit est la terre du Djed représentant les quatre polarités également, les quatre piliers soutenant l'univers, le lien entre les divers mondes célestes et terrestres...

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RÉFÉRENCES
- "How did the Incas create such beautiful stone masonry ?" : Ivan W.Watkins.
- "Stoneworking in ancient Peru", Arnold D. E. 1983,Archaeometry, 25:87-90.
- "Stoneworking in Ancient Peru", Franck E. 1980 : Archaeometry 22:211-212.
- "Place of the Gods, The stargate at Abu Ghurab, Egypt", William Henry.
- "Ancient Gold on the Nile", Stefan Anitei, 2008.
- "Ancient Egyptian Materia/s and Industries", Lucas A. et Harris, J.R.1962, Mackay & co, UK.
- "Ancient Egypt a cultural Topography" Kees H., Chicago, 1961.

Antoine Gigal - TOP SECRET N°40 > Décembre-Janvier > 2009
 
   

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