Les Nouvelles Plaies d'Égypte : Secrets de Giza

7 ème Plaie : Mais où est donc Passé Osiris ?

La nuit du 2 mars 1999, la TV américaine diffuse sur la chaîne Fox un documentaire, "programme spécial" de deux heures que l'on a annoncé à grand renfort de publicité comme "l'ouverture de tombes scellées perdues à Giza en Égypte" ("opening the lost sealed tombs"). Ces "tombes" constituées de trois chambres seraient localisées sous la chaussée surélevée reliant le Temple de la vallée (juste à côté du Sphinx) à la pyramide de Chéphren. à notre grand étonnement, nous voyons en direct, le directeur du plateau de Giza, le Dr Zahi Hawass, annonçant qu'il vient de découvrir le tombeau d'Osiris !

Nous verrons comment au fil du temps cette découverte évoluera du point de vue du vocabulaire. De la "découverte de la tombe d'Osiris" du départ, elle deviendra la "découverte de la tombe symbolique d'Osiris" puis sera simplement pour finir la "Redécouverte de la tombe symbolique d'Osiris". S'il était question de trois chambres au début, à la fin il ne sera plus question que d'une seule pièce. Triste spectacle que ce programme annoncé en fanfare et qui occultera non sans mal le fait historique que ces lieux étaient déjà connus dès les années trente (et sans doute auparavant) et qu'ils ont été maintes fois visités comme nous allons vous le montrer. En outre, ces lieux renferment peut-être quelque chose de bien plus important que de rustiques sarcophages de pierre vides...

LA DESCRIPTION DES LIEUX

La "pseudo-découverte" se compose :
a/ d'une entrée sous une chaussée conduisant de la pyramide de Chéphren au temple à côté du Sphinx (dit "temple de la vallée") en contrebas.
b/ d'un puits avec son échelle rouillée menant sous la chaussée puis continuant plus bas pour donner accès à l'entrée de la première chambre. La première chambre est à environ 9 mètres sous la surface.
c/ d'un second puits qui commence sur la paroi Nord de la première chambre. Cette "chambre" n'est en fait qu'une sorte de passage grossier.
d/ Après avoir descendu ce puits pendant 14 mètres, on arrive au mur Sud de la chambre n°2 qui est une pièce orientée Nord-Sud. On y voit 7 niches creusées dans le roc : 3 sur la droite (mur Est), 3 sur la gauche (mur Ouest) et une au fond du côté Nord. La plupart de ces niches sont vides sauf une niche à gauche (mur Ouest, niche centrale), et une autre à droite (mur Est, niche la plus au Nord) où reposent dans chacune un sarcophage imposant de granit entièrement vide. Sur le côté Est de cette salle à côté de la niche la plus au Sud, il y a un autre puits qui descend à la verticale, 10 m vers la troisième chambre, celle dite "d'Osiris".
e/ La fameuse 3ème chambre, la plus profonde, contient un enclos central avec des restes de piliers aux quatre coins et au centre un sarcophage submergé d'eau. Nous verrons que cette description variera avec les visiteurs pourtant spécialisés qui se succéderont, et nous essayerons de comprendre.
Sachez que votre serviteur toujours animé par sa passion et son travail, vivant de longs mois sur place, parlant parfaitement la langue du pays et y ayant quantité d'amis dont certains "très bien placés" a eu l'occasion de visiter cet endroit vraiment très curieux. Mais le plus incroyable, c'est que ma visite a eu lieu bien avant 1997, c'est-à-dire bien avant que le Dr Hawass "découvre cet endroit" et n'en parle en 1999, au cours de ce documentaire TV... Ce n'est pas un scoop, car je ne suis pas le seul à avoir visité ce site bien avant sa "découverte"...

CHRONOLOGIE D'UNE DÉCOUVERTE

Automne 1997 : le très connu réalisateur et présentateur radio américain Art Bell fait lors de son émission "Coast to Coast" une première allusion à la "découverte" du Dr Hawass. Il se fait inviter à Giza en fin d'année et obtient du directeur du plateau carte blanche pour visiter les lieux. Il se contente de visiter la première chambre et décline l'invitation qui lui est faite de descendre plus bas...
Mai 1998 : lors d'une conférence organisée par le même programme de radio Art Bell pendant une croisière en Alaska, le Dr Hawass fait l'annonce en présence de l'astronome, le Dr. Ed Krupp : "d'une nouvelle découverte (sic) d'un tunnel sous la deuxième pyramide (!), d'un (seulement !) nouveau sarcophage, et d'une caverne géante (!)". Il ajoute que les tunnels sont sous l'eau et qu'il convient donc dans le futur de pomper toute cette eau pour pouvoir investiguer. On peut s'interroger sur les imprécisions et exagérations curieuses dans la bouche d'un docteur en archéologie... mettons cela sur le compte d'un trop grand enthousiasme.
Août 1998 : lors d'une conférence, le Dr Hawass parle de la découverte, et devinez où ? Au siège de l'ARE (Association for Research and Enlightment), la fondation du fameux médium américain Edgar Cayce, à Virginia Beach. Sont présents lors de cette conférence, le Dr Lehner et John Van Auken, le directeur de l'ARE. Le Dr Hawass fait sa conférence en compagnie de l'égyptologue amateur new-yorkais : John Anthony West ! Un West qui visiblement recherche activement les bonnes grâces d'un Docteur Hawass après s'être fait interdire par celui-ci, et même expulsé de Giza en 1993 ! Tout est bon pour accéder de nouveau au plateau. West rapporte que le Dr. Hawass : "a récemment mis à jour "excavated" un tunnel profond trouvé sous la chaussée entre la pyramide de Chéphren et le Sphinx". Comme vous le verrez, aucun accès n'a été mis à jour puisque ce tunnel était déjà connu depuis longtemps. West ajoute que le tunnel mène à une sorte de chambre à piliers ("a kind of pillared chamber" admirez l'imprécision), et qu'au centre se trouve un sarcophage "à moitié submergé par l'eau". Notez qu'en l'espace de trois mois, nous sommes passés de "tunnels complètement submergés" à un sarcophage dans la chambre la plus profonde "à moitié submergé". Ensuite le docteur prend la parole. Il explique que le sarcophage date vraisemblablement de la période Saïte (vers 600 Av. J-C) et que l'ensemble ressemble à la description qu'avait faite Hérodote d'une supposée tombe de Khéops ! (Où sont donc passées les momies ? Car il n'y a trace d'aucune momie dans les sarcophages de granit !). D'après le Dr Hawass, il ne s'agit pas de la tombe de Khéops mais bien plutôt de celle d'Osiris (impossible avec une datation si récente), ou en tout cas lié à l'Osirion d'Abydos ! Comme vous le constatez, on avance en pleine supposition. Pourquoi voir des tombes ici alors qu'il n'y a pas de momies, pas de mobiliers funéraires, etc ? En outre, ces chambres sont très grossièrement creusées dans le roc...
2 mars 1999 : diffusion du documentaire (120 mn) sur Fox TV. Le Dr Hawass annonce "sa découverte" de la "tombe d'Osiris" au grand public. Le terme "tombe d'Osiris" est alors officiellement adopté puisqu'on le trouve dans le très sérieux National Geographie Institute le 9 décembre 1999 et dans le Service d'Information de l'État Égyptien du 17 Juin 1999 ("Osiris Tomb near Cheops Pyramid exeavated")...

Ainsi l'annonce de la découverte aura duré plus d'une année. On se demande pourquoi ? D'habitude, quand les chercheurs découvrent un nouveau site, ils font une annonée générale destinée au monde entier. Ce n'est qu'après qu'ils se mettent à investiguer le site en profondeur. Ici au contraire, alors que nous sommes tout de même sur un haut lieu du patrimoine de l'humanité, la communication (durant plus d'une année) va se faire vers un seul pays... C'est à se demander si l'égyptologie française, allemande, italienne, anglaise, etc... bref européenne (sans parler des autres) existe encore. Et pourtant c'est bien elle qui a historiquement créé la discipline de l'égyptologie, et y a apporté les plus remarquables contributions...

UNE VRAIE FAUSSE DÉCOUVERTE ?

C'est alors qu'un homme va raconter le plus calmement du monde, qu'il a visité les lieux dès 1992 ! Cette nouvelle sera diffusée sur tout internet. Cet homme, on ne peut pas mettre ses propos en doute, c'est Boris Said, le réalisateur de films documentaires qui travaillait pour l'expédition du Dr Schor en décembre 1995. Boris Said déclare donc en septembre 1997, en direct à la radio américaine (toujours la même !), qu'en 1992, il a visité le fameux puits sous la chaussée. Il raconte ainsi qu'il a emprunté l'échelle de fer (déjà rouillée) et il nous fait la description de la troisième chambre "remplie jusqu'à deux mètres du plafond..." d'une eau très pure et très claire. Là, il ajoute quelque chose de très intéressant, à savoir que les Égyptiens lui ont confié que cette eau était utilisée depuis les années 1965 et pendant au moins une vingtaine d'années, par les gens du coin pour leur usage domestique.
Voilà une information que je peux d'ailleurs confirmer. Les gens du village voisin, ainsi que les policiers itinérants sur place, me l'ont souvent raconté. Vous vous demandez peut-être pourquoi ce niveau d'eau dans la chambre ? Pour moi, il y a plusieurs raisons, mais la principale - qui est d'ailleurs admise officiellement - vient de la construction du barrage d'Assouan de 1960 à 1970 qui a perturbé le cours et le niveau du Nil. Conséquence directe de la construction du barrage, on dit qu'à Giza la nappe phréatique est montée d'environ 8 mètres. J'ajouterais que ce niveau peut être dépassé en période de crue. C'est donc un élément important, mais pour mieux saisir ce qui se passe dans ce lieu, vous verrez que ce n'est pas le seul qui entre en ligne de compte.
Boris Said ajoute, et là c'est vraiment très important, qu'en avançant dans l'eau transparente, en 1992, il a vu deux "piles" de pierres. Or dans ses annonces, le Dr Hawass parlait de quatre "débuts" de piliers, un à chaque angle. Pourquoi, soudainement, apparaissent deux autres piliers ! Et pourquoi votre serviteur n'en a-t-il vu que deux, tout comme Said ? Pour protéger les gens bien placés qui m'ont fait entrer secrètement en ces lieux, je ne préciserais pas l'année, mais tout ce que je peux dire, c'est que c'était après 1970 et avant 1992, c'est-à-dire après la construction du barrage et avant la visite de Boris Said. Je peux vous assurer qu'il n'y avait aucune trace des autres piliers, ni au sol ni au plafond. Said ajoute que ces piles de pierres l'ont intéressé car avant de descendre, il avait entendu l'histoire de deux garçons qui étaient descendus par le puits dans la chambre. Ayant trouvé une pile de pierres, ils en avaient bougé certaines pour voir ce qui était dissimulé dessous, car les anciens égyptiens protégeaient parfois l'entrée de souterrains et de tunnels par un entassement de pierres... L'histoire ne dit pas ce qu'ils trouvèrent, mais vous en aurez une petite idée vers la fin de cette plaie.
Toujours est-il que cette histoire avait eu lieu avant ma propre visite, car je la connaissais aussi. Chose curieuse, le niveau d'eau que j'ai trouvé dans la troisième chambre était plus bas que celui décoùvert plus tard par Said. J'avais environ 50 cm d'eau seulement au sol. Pour éviter un courrier volumineux de lecteurs curieux, me questionnant, je vous dirais tout de suite que je n'ai touché à rien, et surtout pas à ces piles de pierres. D'une part, je suis très respectueux des sites (c'est pourquoi certains officiels m'ont accordé leur confiance, et la faveur de m'accompagner sur place) ; d'autre part, parce que j'avais déjà ma petite idée sur la question, comme vous le verrez plus loin.

SECONDE VISITE

En 1996, un an avant les annonces de "découverte", Boris Said revient sur les lieux avec beaucoup de lumière. En descendant, cette fois-ci, il découvre la seconde chambre avec ses deux sarcophages de granit qu'il n'avait pas remarqué lors de sa première visite de 92. Il en déduit qu'un travail d'exploration a dû être entrepris par des personnes inconnues (!), laissant à découvert la présence de cette chambre dans le passage, après avoir, peut-être, abattu une paroi quelconque. Saïd voit aussi une pompe à eau.
Je ne peux que confirmer ses dires. Moi aussi je n'ai pas vu de deuxième chambre lors de ma propre visite. Said observe enfin que le niveau de l'eau dans la troisième chambre a considérablement baissé depuis 1992, et il constate ainsi que les parois de la chambre sont grossièrement taillées.

TROISIÈME VISITE

En février 1997, Said retourne une troisième fois sur place pour filmer. Alors que ses techniciens sont en train d'aplanir le sol afin de poser le trépied de la caméra, ils remarquent avec surprise une surface lisse qui émerge du sol. Ils s'aperçoivent alors qu'il s'agit d'un couvercle entier de sarcophage ! Said souligne le fait que des textes anciens mentionnent l'utilisation fréquente de couvercles de sarcophages pour couvrir l'entrée de tunnels secrets...
Aussi décident-ils d'explorer la zone avec un radar pénétrant le sol. Et là, surprise : ils détectent en dessous du couvercle, à 2 mètres de profondeur, une anomalie de 2 m 50 de large. De plus cette anomalie descend en un angle de 25 degrés et prend la direction... du Sphinx ! Cette découverte est d'une grande signification pour le réalisateur, car pendant son travail avec le Dr Schor (avec lequel il n'était plus en très bons termes), l'équipe avait trouvé un tunnel sortant de l'arrière du Sphinx et allant vers le dessous de la chaussée. Nous sommes donc bien en face d'un entrelacs de tunnels secrets ! Nous ne savons malheureusement pas ce qui a pu se réaliser en secret dans ces lieux, avec des experts extraordinaires comme ceux de l'équipe Schor, dont un expert NASA, Thomas Danley, super ingénieur en acoustique et spécialiste en... techniques de lévitation par le son, lequel travailla, dit-on, spécialement pour Said. Dieu sait ce qu'ils ont pu y entreprendre exactement, et y trouver. C'est d'autant plus mystérieux. qu'on trouve en janvier 1998, en compagnie du Dr Hawass, arpentant le plateau, le scientifique de très haute renommée internationale en recherche spatiale, le Dr Farouk El Baz, l'un des plus émérites spécialistes de la NASA. On se dit encore une fois, qu'à Giza l'équation Nasa + égyptologie se retrouve bien souvent.
Malheureusement Boris Said ne sera plus jamais là pour nous en apprendre davantage, car il est mort, emporté par un foudroyant cancer du foie en 2002...

D'AUTRES SURPRISES

Des témoignages indiscutables parlant de visites dans ces fameuses chambres et s'effectuant avant Said et donc a fortiori avant le Dr Hawass, il en existe d'autres. Pour n'en citer qu'une seule, que diriez vous par exemple d'une visite réalisée en 1988, filmée qui plus est, et ayant Omar Sharif pour présentateur ? Et bien aussi incroyable que cela puisse paraître, cette visite a réellement eu lieu. Il s'agit du documentaire TV intitulé : "Mysteries of the Pyramids" (Wood Knapp video). Et nous voyons devinez qui ? le Docteur Lehner entrant dans le puits en utilisant la même échelle d'acier ! Une fois arrivé en bas, Lehner désigne une mare peu profonde avec deux (!) piles de pierres en colonnes très détériorées. Par quel sortilège, apparaîtront bien plus tard 4 piles de pierres ?
De plus le Docteur Lehner désigne les restes d'un squelette à moitié enterré dans le roc sur le côté. Où est-il maintenant ? à ma connaissance, il n'a plus jamais été mentionné. Mais ce n'est pas fini. C'est alors que le Dr. Lehner fait quelque chose d'extraordinaire : on le voit jeter un caillou dans la mare et nous dire avec tout l'aplomb du monde que sous le point d'impact se trouvent deux tunnels allant beaucoup plus bas ! Et tout cela en 1988 ! Plus de neuf ans avant que le Dr Hawass soit crédité de la découverte de ce lieu ! Et bien sûr pas de trace d'Osiris dans ce documentaire présenté par Omar Sharif. Et notez qu'on ne signale pas non plus de deuxième chambre.

LA DÉCOUVERTE DU DR SELIM HASSAN

Je vous ai déjà parlé de mon admiration la plus profonde pour le Dr Selim Hassan (1886-1961), le très grand et remarquable archéologue égyptien qui fut l'auteur de 10 volumes d'études sur Giza et de 170 livres d'égyptologie, et qui réalisa les plus nombreuses et fructueuses excavations de toute l'égypte. Sachez que ses 10 volumes de milliers de pages sont une mine de renseignements extraordinaires du détail de tout ce qui fut découvert à cette époque-là à Giza, et que seuls des gens extrêmement motivés et experts se lancent dans leurs lectures, quand ils ont la chance de tomber sur un exemplaire de la collection devenue très chère par sa rareté ou difficilement accessible, en des bibliothèques réservées et lointaines. (D'ailleurs certains volumes manquent, comme par hasard) Et c'est bien là-dessus que comptent les gens qui actuellement cherchent à nous donner leur propre lecture des événements de Giza, pour le moins éloignée de la réalité. Ils savent que très peu de personnes ont accès à ces documents qui pourraient bien invalider leurs assertions...
Bref, il se trouve que le Dr Hassan, dans son cinquième volume "d'Excavations At Giza" couvrant la période 1933-1934 de ses fouilles, nous parle justement de puits de l'époque Saïte (600 Av. J.-C.). Que nous dit-il ? "Le plus extraordinaire exemple de ce type de puits est celui creusé dans la chaussée de la deuxième pyramide et découvert par moi lors de ma 6 ème saison de fouilles". Ensuite, l'éminent scientifique nous décrit point par point la première chambre souterraine puis la deuxième chambre avec ses sept niches, chacune (!) remplies de sarcophages de basalte, en soulignant la présence de deux sarcophages particulièrement énormes par rapport aux autres. Où sont donc passés aujourd'hui les cinq autres sarcophages ? Puis il nous parle de la troisième chambre remplie d'eau (oui déjà). Il distingue à travers l'eau claire d'autres sarcophages (au pluriel !). Le Dr Hassan raconte qu'il essaya de pomper l'eau mais même après quatre années, l'eau n'avait toujours pas baissé. Il en déduisit qu'une source avait jailli à travers le rocher et alimentait continuellement le lieu.
Hassan, qui est un des rares experts indiscutables, nous parle donc très clairement du même lieu, et l'identifie comme une tombe classique de la 26éme dynastie (Ce qui est une époque dite "récente", il arrivait d'ailleurs aussi qu'on mette des sarcophages dans des lieux beaucoup plus anciens qui n'avaient pas été conçus comme des tombes à l'origine). Quoi qu'il en soit, nous sommes très loin d'Osiris ! Soulignons le fait intéressant qu'il y avait beaucoup plus de sarcophages à l'époque d'Hassan. Notons aussi que la seconde chambre était visible à l'époque. Pourquoi dans ce cas, certains chercheurs, dont votre serviteur, n'ont pas vu cette seconde pièce, lorsqu'ils se sont rendus sur les lieux beaucoup plus tard ! Pourquoi avoir caché cette chambre ? Pour occulter aux yeux des chercheurs le fait que des sarcophages manquaient ?
De plus, un article du Daily Telegraph du 4 mars 1935 nous fait part des découvertes du Dr. Hassan. Je vous traduis : "Un couloir en colonnade dans le rocher. Des chambres de 2.500 ans. De notre correspondant au Caire : Un souterrain connectant la cité de la Pyramide de Chéphren à celle de Khéops a été découvert lors de récentes excavations. Creusé directement dans le rocher". Ensuite l'article parle du puits, de la 2éme chambre avec ses 7 niches et sarcophages et de la fameuse troisième chambre sous l'eau. Il y a aussi un article dans "l'Illustrated London News" du 6 avril 1935 où l'on nous présente outre les photos de la chaussée une description des mêmes chambres avec sarcophages. Le journal crédite leurs découvertes au Dr Selim Hassan, lequel n'a d'ailleurs jamais rien fait pour gonfler sa renommée, son travail titanesque parlant pour lui. Malheureusement un travail dont l'héritage est en train d'être perdu... faute de mémoire. Ainsi, je crois qu'il est inutile d'en rajouter. Il y a pléthore d'exemples qui indiquent bien que ce lieu était connu depuis bien longtemps.

Pour mieux comprendre l'intérêt que suscite cet endroit regardons de plus près quelques faits intéressants. Notons que dans un livre publié par le Dr Spencer Lewis dès 1936 : "Symbolic Prophecy of the Great Pyramid", il est déjà fait mention de souterrains sous la fameuse chaussée qui relie Chéphren au Sphinx, ainsi que de chambres secrètes et de sarcophages. Le Dr Lewis était, jusqu'à sa mort en 1939, le dirigeant "Imperator" de la Fraternité Rose-Croix AMORC. Dans ce livre, il est dit que l'Ordre Rosicrucien est en possession d'anciens manuscrits indiquant l'existence de très nombreux passages souterrains et chambres connectant le Sphinx aux trois Pyramides. Ces manuscrits parlent aussi des types d'initiations qu'on y pratiquait. Il est dit également que les travaux du Dr Hassan corroborent l'existence de ces lieux, car il en aurait, en fait, découvert une partie. Nous voyons bien en effet sur un dessin de l'ouvrage du Dr Lewis trois souterrains partant de derrière le Sphinx pour rejoindre les pyramides. On peut se demander comment Lewis connaissait déjà à cette époque des souterrains encore non découverts officiellement aujourd'hui (comme celui reliant Mykhérinos à Khéops) ?
Ce qui attire également l'attention, c'est que Lewis nous apprend que déjà par le passé, il dut y avoir des lieux découverts à Giza puis cachés de nouveau pour des raisons non spécifiées... Intéressant, non ? À mon avis, le Dr Spencer Lewis savait de quoi il parlait. Mais ce qu'il est très important de savoir, c'est que les Rose-Croix avaient fait le lien depuis longtemps entre l'ancien nom de Giza et leur Ordre. Cet ancien nom est "Rostau". Maintenant si vous lisez Rose-Tau, vous avez l'appellation Rose-Croix, car Tau est une croix. La croix Tau est celle qui est utilisée pour les crucifixions et gibet dans l'Antiquité. Elle symbolise pour certains l'enfermement de la conscience dans la matière. Si vous ajoutez à la croix Tau une rose symbolique au-dessus, vous avez la représentation d'une croix de vie, de l'Ankh égyptienne, symbole par excellence de l'énergie de vie, de sa victoire. Vous avez en quelque sorte la représentation des deux pôles positif et négatif, l'un annihilant le pouvoir destructeur de l'autre. Et c'est tout le lieu de Giza qui devient donc l'emblème de cela ! Par ce fait Giza est un lieu qui attire toute l'attention de l'ordre, et ce depuis très longtemps. Les initiés ont dû y mener des expéditions très anciennes et découvert de nombreuses choses. Je suis certain qu'ils possédaient ainsi des cartographies anciennes du lieu.

Il y a aussi le livre plus ancien encore : "Atlantis to the Latter Days" publié en 1928 (source CNI News Sphinxwatch) par le mystique et médium H.C Randall-Stevens où l'on voit également ces mêmes souterrains. La similitude est frappante avec le dessin de Lewis mais j'ai de bonnes raisons de croire que le Dr Lewis n'a absolument pas copié sur Randall-Stevens comme certains ont pu le suggérer. Je m'appuie, pour dire cela, sur certains détails parlants pour quelqu'un connaissant très bien les lieux, présents dans le dessin de Lewis et pas dans celui de Randall.

POURQUOI OSIRIS ?

Nous avons vu comment il est extrêmement peu probable que le Dr Hawass soit le premier découvreur de la fameuse chambre. Reste la question de savoir "pourquoi la relier à Osiris ?" Le Dr dit que c'est parce qu'il a trouvé le hiéroglyphe "pr" signifiant maison, taillé dans le sol à l'Est du sarcophage.
Pour lui cela ne peut vouloir dire que "Maison d'Osiris" voilà de l'extrapolation pour le moins discutable. Si tel était le cas, il aurait fallu trouver : "Pr wasir neb rostaw" en égyptien ancien. C'est-à-dire "La maison d'Osiris Le Seigneur de Rostau" (plateau de Gizay). Ce hiéroglyphe peut donc signifier la maison de n'importe quoi ou de n'importe qui. En outre Nigel Skinner-Simpson rapporte que le Dr Hawass, dans un interview donné à un journal archéologique (Archaeology, Sept.-Oct. 2000, p. 31) aurait dit que ce hiéroglyphe serait représenté par la forme même de la "piscine" entourant les piliers. Il faudrait savoir !
Plus tard, l'apparence de cette chambre, ce rectangle avec ce sarcophage central et cette eau, sera comparée à l'Osirion d'Abydos. Mais d'une part le rectangle - île centrale du temple d'Abydos - représente le tertre central de l'origine de la vie que donne Osiris, et non pas un tombeau-sarcophage comme on voudrait nous le faire croire ; d'autre part, si vous avez visité les deux, comme votre serviteur, vous noterez que le remarquable Osirion d'Abydos (4ème Dynastie, Ancien Empire) est d'une architecture complexe et extrêmement épurée, d'une précision mathématique incroyable, emprunte de tout le savoir de la géométrie sacrée. Cela n'a strictement rien à voir avec la 3ème chambre dont nous parlons, et qui est mal taillée et dispose d'un sol grossier. Il est pour moi évident (et je suis loin d'être le seul) que la présence d'eau dans la 3ème chambre est causée par un affleurement accidentel de la nappe phréatique ou une fissure naturelle. J'ajoute que l'eau dans la 3ème chambre sous Giza est peut-être apparue, avec plus d'abondance encore, à la suite du déplacement de certaines pierres ou sarcophages masquant certaines entrées secrètes, comme celles suggérées plus haut. Pour ma part, un peu plus loin à Giza, sur le plateau, j'ai vu des traces de systèmes hydrauliques remarquables protégeant des entrées intéressantes sous terre ; mais c'est une autre histoire...

DERNIER PROBLÈME

Selon le Dr Hawass, la deuxième chambre daterait de l'époque Salle (500 Av. J.-C.), ceci à cause de morceaux de poterie trouvés sur le sol. Ces vestiges en soi ne prouvent rien car on peut avoir apporté et laissé dans un lieu très ancien des objets plus récents. Toujours selon le Dr, la 3ème chambre dite désormais "chambre symbolique d'Osiris", daterait quant à elle du Nouvel Empire (1550 Av. J.-C.), à cause de morceaux de bois, de poteries et d'un os retrouvés sur place (idem). Tout ceci implique que le 3ème niveau aurait été construit un millénaire avant la 2ème chambre. Ceci est pour le moins curieux quand vous savez que pour accéder à la 3ème chambre, il faut passer par les deux premiers niveaux... Alors, erreur de datation, ou aveu inconscient de l'existence d'un autre accès à la chambre la plus profonde ? Qu'est-ce donc que ce petit tunnel que beaucoup ont remarqué, et qui part dans le coin Nord-Ouest de la 3ème chambre, en direction de la Grande Pyramide ? Pourquoi n'y lance-t-on pas une véritable exploration ? Le Dr a constaté qu'au bout d'un moment, il se rétrécit beaucoup. Il n'est donc pas allé plus loin que 4 mètres...

CONCLUSION

Comme vous le voyez, les preuves d'entrées et de réseau souterrain sous Giza s'accumulent tout comme les efforts désespérés pour nous les cacher. Jusqu'à quand ce jeu va-t-il durer ? Comme bien d'autres domaines scientifiques essentiels pour le devenir de l'humanité, l'égyptologie semble frappée de mensonges, et d'amnésie. Nous sommes ballottés comme des idiots sans mémoire, et pourtant il suffirait parfois de chercher dans les anciens documents, ou de savoir regarder tout simplement, pour démonter les thèses qu'on cherche à nous imposer. Giza est un lieu très fort de convergence pour toutes les sortes de convoitises. C'est un lieu extraordinaire pour manipuler la pensée des gens dans tous les sens, et surtout dans les directions que l'on attend le moins...
Annoncer la découverte de la "tombe d'Osiris" cache peut-être des motivations subtiles qui échappent à notre entendement. Osiris est un symbole universel très puissant, à ce titre, associer "Tombe" et "Osiris" revient peut-être à toucher directement notre subconscient, à communiquer insidieusement sur un autre plan, au niveau de l'Esprit Humain. C'est peut-être jouer avec la mémoire de l'humanité dans le but de déclencher des réactions en chaîne. Heureusement cette assertion s'est fissurée de partout... Où est donc passé Osiris ?

De nombreuses photographies de ce magazine proviennent de sites Internet ou de la collection privée de l'auteur. Ces photographies ont été rassemblées de diverses sources publiques, et sont entrées dans le domaine public sauf indication contraire.
Antoine Gigal : Pour écrire à l'auteur contactez la rédaction : roch@topsecret.fr
RÉFÉRENCES : Bien trop nombreuses pour les lister.

Antoine Gigal - TOP SECRET Hors Série N°4 > Juil-Août-Sept > 2007
 
   

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