Les Secrets de Giza 2

Les Portes de la Cité Secrète : 1ère Clef

L'énigme des fosses à bateau

Dans la précédente Chronique j'ai relaté l'odyssée merveilleuse de la découverte et de la restauration de l'immense barque dite "solaire" trouvée démontée en 1224 morceaux, dans sa fosse, au pied de la façade Sud de la Grande pyramide. J'ai évoqué entre autres les 14 années nécessaires à son réassemblement, le génie des Anciens égyptiens ayant prévu un (ou plusieurs) montage(s) futur(s) par un ingénieux système de codage inscrit sur les pièces mêmes du bateau. Enfin, je vous parlais de la deuxième fosse mitoyenne à la première, contenant elle aussi, une immense barque démontée et qui est restée scellée dans sa fosse pour d'obscures raisons.

J'ai évoqué aussi l'existence de bien d'autres fosses à bateaux sur le dessus du plateau de Giza. Cette présence abondante est un des faits les plus spectaculaires du plateau, encore faut-il le connaître. Bon nombre de voyageurs visitant les pyramides, passent en effet à côté de ces fosses sans même les remarquer ou sans savoir de quoi il s'agit. Vous verrez pourtant qu'il y a là une clé fondamentale pour la découverte du secret le plus extraordinaire de ce haut lieu du patrimoine de l'humanité. Si vous allez en Égypte, je vous invite à aller les contempler le plus vite possible, car depuis peu de temps un bon nombre de barrières ont été rajoutées (sous le prétexte de les protéger des immondices) qui rendent leur contemplation de plus en plus difficile. On parle, dans certains milieux, de les recouvrir. Elles seraient alors définitivement cachées à votre vue.

Regardez ce dessin montrant principalement la face Est de la Grande Pyramide et observez bien les fosses : k-l-m. Amusez-vous maintenant à comparer ce dessin avec la photo satellite de Khéops disponible sur Google Earth. Nous avons bien sept fosses à bateaux.
Ainsi, en dehors des 2 fosses rectangulaires (retenez bien ce détail) sur la façade Sud de la Grande Pyramide, fosses d'environ 32,5 mètres de long et 4,8 mètres de large dont vous connaissez déjà l'histoire et qui contenaient bien chacune un bateau démonté, nous trouvons :

- deux grandes fosses vides en forme de bateau alignées contre la façade Est de Khéops. Chacune de ces fosses mesure environ 51,5 mètres de long et 7 mètres de large ; la plus au Sud faisant 8 mètres de profondeur.
- Puis une grande fosse vide toujours en forme de bateau, perpendiculaire à la façade Est de Khéops contre le Nord de la chaussée menant au petit temple (notez l'escalier ->). Cette fosse mesure 45,4 mètres de long et 3,75 mètres de large. Même si elle est vide aujourd'hui, il faut savoir que le grand archéologue américain Georges Andrew Reisner (1867-1942) qui a excavé plus de 200 tombes à Giza, y avait retrouvé à l'époque des cordages et du bois travaillé indiquant là encore la présence d'un bateau.

Cette fosse a un sol convexe et on peut y accéder par un escalier de 18 marches.

- Et ensuite deux petites fosses associées aux trois petites pyramides-mastabas dont les bases sont de 49m². Vous avez la petite pyramide-mastaba dite G1a (la plus au Nord) dite de la reine Hetepheres (selon Mark Lehner dont je vous ai parlé dans des chroniques précédentes). On a également attribué cette pyramide à la reine Meritit, mais en fait on n'en sait rien car aucune momie ne fut jamais retrouvée à l'intérieur. Cette pyramide dispose de sa petite fosse à bateau, vide, au Sud.

Il y a encore la petite pyramide-mastaba G1b dite de Meritit. L'attribution de cette mastaba n'est absolument pas claire puisque le grand Reisner l'attribue à une reine Lybienne tandis que Lehner ainsi que Stadelman l'attribuent à la reine Meritit, ce qui est tout de même très différent. Il n'y a aucune preuve mais ils veulent absolument "coller" ces petites mastabas à des personnes de la famille de Khéops, ceci afin de renforcer leurs théories selon laquelle la Grande Pyramide serait la tombe de Khéops lui-même. Cette théorie est une aberration comme j'ai pu le démontrer depuis bien des chroniques. Le fait d'ailleurs que des personnes de la famille de Khéops se soient faites enterrées là ne prouverait rien puisque nous sommes dans le champ Est qui est constellé de petites tombes mastabas. Je penche d'ailleurs pour la thèse de Reisner à cause des quelques objets cassés que l'on a retrouvés. Cette petite pyramide mastaba a également au Sud une petite fosse à bateau vide découverte en 1953 par Kamal el Mallakh, le découvreur de la grande barque dite solaire en exposition.
Enfin, il y a la petite pyramide mastaba G1c dite de Henutsen (selon Reisner). Curieusement elle est légèrement décalée par rapport au plan général et elle ne dispose d'aucune fosse à bateau.
En revanche, autour du petit temple de la pyramide de Chéphren, nous trouvons trois autres fosses à bateaux (trois fosses sur 4, la 4ème n'étant pas encore excavée) plutôt minces mais bien en forme de barques.

Notez le manque de faits, d'éléments ou même d'indices probants qui permettraient d'attribuer tel ou tel monument avec certitude. Les archéologues sont en effet face à plusieurs énigmes. À Giza il n'existe pas de plan vraiment original du site (nous verrons pourquoi plus loin) sur lequel se baser. Cette lacune donne lieu à beaucoup d'interprétations plus que légères, trop rapides et tendancieuses. Nous en verrons bien des exemples.
Ainsi pour résumer : nous avons deux fosses à bateaux rectangulaires ayant chacune un toit épais, constitué d'une rangée de lourdes pierres les recouvrant (<- façade Sud de la Grande Pyramide) et de forme rectangulaire, avec deux bateaux entreposés en morceaux.
Et nous avons par ailleurs cinq fosses à bateaux vides, dont deux petites (utilisées ultérieurement comme lieu de stockage, car elles furent compartimentées dans un second temps par de petits murets), toutes en forme de barque et surtout sans toits. Pour certains bons experts ces fosses n'ont jamais été recouvertes par un toit de pierre car si l'on prend les 3 fosses les plus grandes (parmi les 5) citées plus haut, elles sont trop larges et auraient nécessité la présence de piliers à l'intérieur. (3 grandes et 2 petites fosses ->)

Alors les questions sont les suivantes :
Comment expliquer la présence de toutes ces fosses à bateaux à Giza ? Pourquoi certaines ont-elles des toits et contiennent-elles des bateaux en morceaux, tandis que d'autres fosses sont vides et sans toits ? Pourquoi certaines fosses sont-elles rectangulaires et les autres ont-elles une forme de bateau ? Nous allons répondre à toutes ces questions passionnantes mais auparavant je voudrais évoquer certains pointsimportants pour que vous puissiez suivre mon raisonnement.

Les bateaux en Égypte

Pour commencer quelle place avaient les bateaux chez les Anciens Égyptiens ? Comme vous le devinez, une place très importante. Le Nil était en effet l'artère de circulation naturelle et primordiale de l'Égypte. Le bateau était donc le moyen de transport et de commerce privilégié du pays. La navigation dans le Delta et sur tout le fleuve requerrait des bateaux sans quilles à fond presque plat qui pouvaient (à cause d'éventuels bancs de sable) être halés sur la terre ferme sans s'enfoncer et être facilement transportés ou tirés, si nécessaire, sur ou par des pistes de halages.
Il se trouve que la barque dite solaire que nous voyons exposée au-dessus de sa fosse dans le musée en façade Sud de la Grande Pyramide répond justement à toutes ces exigences. Et c'est aussi ces mêmes grands bateaux à fond presque plat, à rames et à voiles, avec mats retirables, que l'on voyait en pleine mer comme représentés sur les bas-reliefs du temple d'Hatchepsut à Deir el Bahari : toute la flotte de Pount, par mer.


Lepsius 1897, fresque de l'Ancien Empire

N'oublions pas que les Égyptiens faisaient beaucoup de commerce en Méditerranée de tout temps, notamment avec le Liban actuel. Ils voguaient également sur la Mer Rouge pour accéder aux richesses du Sud. Or d'après les spécialistes des Drakkars nordiques, l'immense barque à fond presque plat exposée à Giza, de part son extrême sophistication dans sa simplicité, avec son immense proue, sa hauteur son montage particulier et solide, son déplacement de 40 tonnes, serait justement une embarcation pouvant faire merveille en haute mer. Grâce à sa courbure, au bombé de sa coque, avec ses vingt mètres de bois en contact avec l'eau, ses trois mètres de large, et malgré son manque de quille, elle semble merveilleusement adaptée à la navigation en mer exactement comme l'étaient les drakkars dont les occupants avaient conquis en leur temps une grande partie du monde ! (Un drakkar Viking. La ressemblance n'est-elle pas étonnante ? ->)

Ainsi, à l'instar des navires vikings, l'immense barque de Giza aurait toutes les caractéristiques nécessaires pour aller vite en haute mer "casser les brisants" et fendre les vagues. Certains experts de Copenhague ont même été jusqu'à prétendre que cette "barque" de Giza "aurait même été beaucoup plus adaptée à la haute mer que n'importe quel navire de Christophe Colomb et que sa fabrication était la marque d'une frès ancienne et frês grande expérience d'un peuple forcément habitué à évoluer en haute mer". Donc nous revoilà avec un bateau dit "solaire" ou dit de "Khéops" capable d'évoluer en haute mer. Mais cela c'est un élément sur lequel la ligne officielle évite de s'attarder et nous verrons pourquoi.
Quoi qu'il en soit les textes eux-mêmes confirment l'existence des bateaux de pleine mer dans l'Ancienne Égypte. Ainsi dans la stèle des Annales, il est question d'un bateau royal, le Dwa-Ta.wj "Adoration de l'Égypte" qui mesurait 52,4 mètres. Il était donc 25 % plus long que la "barque dite solaire" de Giza. Sur cette stèle, fragment de Palerme, recto VI.2. on peut lire aussi que le pharaon Snefrou avait construit 60 bateaux. L'année d'après il fit construire deux navires de 52,4 mètres également, après avoir importé 60 containers de bois de cèdre sans doute de Byblos au Liban.
Ce sont des remarques importantes car comme l'a fait remarquer le Dr. Glenn Kimball, un des secrets les mieux gardés dans l'Histoire, est que les hommes et les marchandises pouvaient voyager 40 fois plus loin et vite avec un bateau qu'avec une caravane. Les relations commerciales et les échanges de connaissances pouvaient donc se faire très vite. Les États les plus riches travaillaient donc beaucoup sur l'amélioration de leurs flottes tout en gardant secret leurs avancées techniques en la matière. La question intéressante ici, c'est de savoir ce qu'il en était de cette navigation bien avant Khéops (2551-2528 Av. J.C., 4ème dynastie), puisque pour nous la Grande Pyramide est bien plus ancienne que le règne de Khéops (et pas seulement elle. Voir Hors série n°4, la stèle dite de l'inventaire, étudiée par Manette spécifiant que le Sphinx et la Grande Pyramide existaient bien avant les dirigeants de la 4ème dynastie).

Les navires du néolithique

Vous allez découvrir qu'une flotte sophistiquée existait en Égypte même à l'époque préhistorique puisqu'on en trouve trace sur les pétroglyphes du Néolithique égyptien. Il s'agit de la période dite de Naqada (4500-3100 Av. J.C.) et sans doute avant encore. Ces pétroglyphes se trouvent dans le désert Est Égyptien et parmi les motifs on distingue un nombre considérable de bateaux.

Mieux encore, on y voit des bateaux à proues très hautes, et oh surprise, avec des êtres à taille surhumaine, nus ou portant des tuniques, et portant des coiffes ou des plumes sur la tête. À une époque où il n'était censé exister que de semi-nomades clairsemés, parfaitement incultes, reconnaissez que c'est particulièrement remarquable.

<- Wadi Abuwasil 4000 av. J.C., pétroglyphe Néolithique
                              Wadi Qash Haute Égypte 4000 av. J.C. ->

D'après pétroglyphes (Wilkinson 2003)

De plus ces motifs se trouvent sur plusieurs sites, à Wadi Abuwasil, à Wadi Qash, à Wadi Ihammat, à Wadi Mineh, etc... Et selon les experts, ils datent tous de 4000 ans au moins avant J.C.. Mais voilà, les tenants de la ligne officielle ne peuvent pas admettre que les hommes du Néolithique Égyptien puissent utiliser de tels bateaux dans la vraie vie.
C'est pourquoi, ces éminents scientifiques, considèrent que partout où sont représentés des bateaux, il ne peut s'agir que de scènes décrivant l'après vie. Aveuglement ? Disons plutôt une façon de voir (la seule confortable) qui ne remet pas en cause toutes leurs théories et système de chronologie. Mais laissons parler le Professeur Wilkinson, un de ces experts :
"Le parallèle entre l'art pétroglyphe de 4000 ans avant J.C et des scènes sur les tombes de 1500 avant J.C est incroyable. La découverte de bateaux en pétroglyphes nous met face à deux révélations incroyables.
La première c'est que le concept des Anciens Égyptiens de l'après-vie était déjà là à l'aube de la civilisation de la vallée du Nil, parmi les semi-nomades... Deuxièmement, le concept était si puissant et si résonant qu'il est resté inchangé à travers les 30 siècles suivants. La longévité de la culture égyptienne est aussi remarquable que son antiquité. (Wilkinson, 2003, p. 189).

Soit, mais pour représenter le concept de l'après-vie avec des bateaux, encore faut-il avoir vu des vrais bateaux, en vrai, dans la vraie vie ! Il faut dire que ces découvertes sont encore récentes, datant pour la plupart de 2003. Aussi on peut comprendre que certains aient du mal à se défaire des stéréotypes de l'égyptologie du 19è siècle, égyptologie qui était basée sur la chronologie biblique et reposait parfois, pour certaines allégations, uniquement sur du sable, c'est le cas de le dire. Ceci dit, force est de reconnaître aussi que certains (nombreux) grands archéologues du 19e et début 20e étaient beaucoup plus osés, aventureux et brillants que ne le sont les Égyptologues aujourd'hui. Je pense par exemple à Flinders Petrie qui dès 1920 s'intéressa beaucoup aux pétroglyphes de Naqada et voulut qu'on y fasse des recherches poussées. À cette époque, quelque peu libérés du dogme religieux, les chercheurs n'avaient pas peur de faire des découvertes qui auraient pu chambouler la très récente science égyptologique. À présent que l'Égyptologie s'est érigée en dogme à son tour les chercheurs se sont installés dans un conformisme de peu d'envergure confinant parfois à l'idiotie ou au fort désir d'occulter la vérité. Quoi qu'il en soit, certains motifs de pétroglyphes et certaines représentations trouvées sur de nombreux objets datant de cette période néolithique, indiquent une inspiration mésopotamienne.
Cela implique que des voyages par mer depuis l'Égypte ou par le golfe Persique et le fleuve Euphrate s'effectuaient déjà à l'époque, et qui plus est sur une base régulière. Nous voilà donc bien avec une science nautique maritime beaucoup plus ancienne que beaucoup ne croient ! Pensez donc qu'une des assertions erronées que l'on entend souvent à propos de la barque dite solaire, dite de Khéops, est qu'elle serait une vulgaire reproduction des petites barques en papyrus des pêcheurs de l'Ancienne Égypte que l'on trouve un peu partout représentées, alors que cest une merveille technologique, une merveille de propulsion nautique. Regardez les photos, faites une comparaison vous-même. Il y a un autre fait très important que je dois apporter à votre connaissance : selon les experts (mais il faut beaucoup chercher pour trouver l'information) cette barque dite de Khéops aurait déjà été utilisée. On parle même d'usure. Cette information est démentie par le Dr Hawass qui appuie son argumentation sur des traces de peinture.
Cependant, ces traces ne prouvent rien car on a pu peindre et repeindre le bateau des dizaines de fois alors que l'usure de la structure générale de la barque par l'eau est parfaitement visible pour les spécialistes nautiques.

Les Thèses Officielles

Il est intéressant de voir à présent ce que disent les différents égyptologues tenants du courant officiel au sujet de ces bateaux et fosses. Je vais m'appliquer à démonter chacune de leurs assertions succinctement mais clairement.

1) La théorie funéraire

Selon cette théorie, ces bateaux sont des barques mortuaires ayant servies au transport des dépouilles des pharaons jusqu'à leurs tombes sur cette partie du plateau de Giza :
Première objection à cette thèse il n'a jamais été retrouvée aucune momie de pharaons à l'ombre de la Grande Pyramide. On a bien retrouvé quelques tombes et mastabas de nobles, possiblement de rares princesses, encore que dans la plupart des cas, comme dans celui de la princesse Khameremebty IIl, cela soit très discuté. On a retrouvé aussi tombes de fonctionnaires et dans le champs Est qui a servi de nécropole de choix au voisinage de Grande Pyramide, à certaines époques (mais sans doute pas avant la 4è dynastie). Après tout, chercher le voisinage de la Grande Pyramide pour son dernier repos est une démarche logique en terme d'éternité, rappelez-vous que la Grande Pyramide est l'unique des 7 merveilles qu'il nous reste de l'Antiquité, et souvenez-vous que, comme l'essaie de vous le démontrer depuis plusieurs chroniques, elle était le symbole (et sans doute beaucoup plus que cela) de la porte d'entrée du Duat, du monde souterrain et d'une autre vie. Quoi qu'il en soit la plupart des pharaons se faisaient enterrer principalement plus loin sur le plateau de Giza où ailleurs, à Abu Rawash (où, et c'est bon de le souligner l'équipe française d'archéologie fait un travail remarquable et méconnu autour de la nécropole du pharaon Rêdjedef de la 4e dynastie), à Saqqara, à Abusir à Abu Gorab, à Fayoum, dans le delta comme à Tanis, ou carrément dans le Sud de l'Égypte à Abydos ou dans la vallée des Rois, etc... N'oublions pas qu'en Égypte il y a pléthore de momies déplacées en différents lieux ou placées dans des lieux qui ne sont pas la sépulture d'origine.
D'autre part on voit mal le transport de la dépouille de pharaon pour son ultime voyage dans un bateau bien usé, et n'ayant absolument aucune décoration royale alors qu'ils possédaient des bateaux forts élégants et richement apprêtés. Les anglo-saxons ont d'ailleurs une remarque amusante à ce sujet quand les d'ouvriers égyptologues se disputent à propos de la barque dite solaire "Faites-vous du yachting d'apparat avec un bateau container ?"

2) La théorie de la construction

Selon cette théorie ces bateaux auraient servi au transport des pierres pour construire la Grande Pyramide. Cela ne tient pas debout. En tenant compte des caractéristiques de la barque dite solaire, et en partant sur la base de blocs pesant en moyenne 2,5 tonnes, on aurait pu transporter uniquement 30 blocs à la fois, sans couler mais en équilibre instable. Comme il y a à peu près 1.000.000 blocs dans la Grande Pyramide, il aurait fallu 33.300 voyages de ce bateau ou 10 voyages par jour pendant 20 ans.
Je ne parle même pas des blocs de la chambre dite du Roi pesant de 50 à 80 tonnes chacun. Même avec plusieurs bateaux de ce genre (il faut tenir compte des longs mois d'inondation Nilotique) il aurait fallu des bateaux d'au moins 3 fois le tonnage de la barque dite solaire pour que ce soit raisonnable. Cette théorie d'ailleurs a fini par décourager beaucoup de spécialistes.

3) La théorie de la présence symbolique

Selon cette théorie tous ces bateaux auraient été placés là pour le voyage symbolique de l'ame de pharaon. Il s'agit de la théorie la plus répandue. Pour moi, soyons clair c'est la moins intelligente. Cette assertion est basée sur le texte des Pyramides qui dit qu'à la fin de la vie de pharaon sur Terre, son âme monte aux cieux dans la barque solaire pour rejoindre son père Râ. Mais d'abord personne ne sait ce qu'est en réalité une barque solaire. Certains n'hésitent pas à dire que le terme objet volant serait bien plus approprié. Toujours est-il qu'aucune symbolique solaire n'a jamais été retrouvée sur la barque dite de Khéops ou dans sa fosse. Cette théorie affirme donc que l'usage des bateaux était uniquement symbolique.
Ainsi pensent, entre autres, Walter Emerv ou Mr Hawass, ou encore Iaroslav Cerny qui affirment que les deux grandes fosses du Sud de la Grande Pyramide et les deux grandes fosses de la façade Est de la Grande Pyramide retenaient des bateaux censés faire voyager le pharaon dans les quatre directions cardinales dans l'autre monde (Pauvre âme du pharaon. Elle se séparait en 4 ? C'est vraiment préjuger de l'intelligence et du sens de l'efficacité des premiers Égyptiens. C'est un des peuples qui avait et a toujours le sens pratique poussé au plus haut point. En outre, si les pharaons avaient voulu garder leurs bateaux pour un usage purement symbolique, pour l'après-vie, pourquoi n'a-t-on jamais retrouvé leurs propres vaisseaux dans aucun tombeau égyptien ? Pourquoi n'en a-t-on trouvé aucun enterré aux pieds des fameux tombeaux royaux de la Vallée des Rois ?
Tout ce qu'on a retrouvé et surtout à partir du Moyen Empire dans quelques tombes sont de petites maquettes élégantes de barques décrivant plutôt leurs existences terrestres ou celles de leurs humbles sujets. Regardez donc ces maquettes et dites-moi si vous voyez un rapport avec l'immense barque dite solaire ? Les bateaux des commerçants du fleuve n'ont aucune élévation à la proue, les frêles embarcations des pêcheurs sont en papyrus alors que les petites maquettes d'esquifs royaux sont extrêmement décorées et riches. En réalité notre barque dite solaire ressemble davantage aux navires maritimes des bas-reliefs représentant la flotte de Pount. (Bateaux maquettes placés dans la tombe de Meketre sur la rive Ouest à Thebes, Moyen Empire ->)

Conclusion

Pourquoi la barque dite solaire ne contient-elle aucun des attributs royaux dont on serait en droit de s'attendre pour une barque royale pharaonique destinée à l'après-vie ? Pourquoi la barque dite solaire serait-elle destinée au pharaon Khéops (2551-2528 Av. J.C.) alors qu'il y en a deux identiques sur la façade Sud, sans compter les autres à l'Est ?
Comme je vous l'ai expliqué précédemment ce n'est pas parce qu'on a retrouvé des cartouches de Khéops sur la paroi de la fosse de la barque dite solaire que la fosse et le bateau ont été construits par Khéops. En effet ce pharaon comme beaucoup d'autres d'ailleurs a procédé à de nombreuses restaurations à Giza. Preuve en est que pendant plusieurs dynasties, les carrières de pierre se trouvant à Giza même, aux pieds de Chéphren, n'ont été utilisées que dans le cadre de ces restaurations. Les blocs originaux de la Grande Pyramide avaient été prélevés, eux, à Mokkatam de l'autre côté du Caire à plusieurs kilomètres ou dans le Sud de l'Égypte. Preuve en est aussi la datation de plusieurs mortiers prélevés sur la Grande Pyramide et démontrant en fait des restaurations successives déjà sous la IVè dynastie. Les ouvriers apposaient alors le sceau de leur pharaon.
En me replongeant dans mes archives, en fouillant les documents et rapports professionnels, j'ai tout de même fini par retrouver une information extraordinaire qui comme toute information gênante n'a guère été relayée auprès du grand public. Vous allez comprendre. En effet, une équipe américaine "Pyramids Carbon-dating Project" chargée en 1983 d'analyser les mortiers de la Grande Pyramide (TS n°25), aurait quand même daté au carbone 14 un fragment de la barque (curieux qu'on ne l'ait fait que bien des années après sa découverte). Le résultat donna la date de 3400 avant J.C.. Ainsi selon la méthode de datation au Carbone 14, la barque dite solaire serait bien plus ancienne que le règne de Khéops. Le résultat n'est pas très "politiquement correct". Alors on évite d'ébruiter et on préfère dire, malgré l'existence du très sérieux rapport, que c'est une erreur... En réalité c'est une information cruciale qui permet de comprendre la raison de l'existence de toutes ses fosses à bateau en ce lieu précis.

Peut-être en avez-vous déjà une petite idée car les éléments que j'expose sont suffisants pour que vous commenciez à entrevoir la vérité dans toute sa logique. Pourquoi des fosses rectangulaires et d'autres en forme de bateaux ? Pourquoi des fosses avec des toits en lourdes pierres et d'autres sans aucun toit ? Pourquoi des bateaux rangés soigneusement en pièces détachées avec un système de codage sophistiqué et d'autres qui se sont totalement volatilisés ? À toutes ces questions, je suis en mesure de répondre. Malheureusement, je n'aurais pas la place de développer ces réponses dans cette chronique. Avant d'en venir aux révélations extraordinaires qui vont suivre, il me fallait exposer toutes les données existantes et faire la démonstration de la faiblesse des théories officielles. Avant de vous apprendre le pourquoi de leur présence, il me fallait m'assurer que vous auriez une vue d'ensemble assez large de l'énigme que pose à l'humanité la présence de ces fosses à bateaux.
Pensez au fameux hiéroglyphe Horizon, inscrit au-dessus de la porte d'origine de la Grande Pyramide. Pensez qu'Akhet, Axt, traduit par Horizon est en fait une zone interstitielle atteinte par bateau, une zone de transition pour accéder à une nouvelle vie sur "la Terre des Bénis" comme disent les anciens textes. Pensez aussi au géologue, le Dr Schoch (voir TS Hors série n°4), qui a étudié soigneusement le terrain de Giza et a parlé de pluies diluviennes vers 3000 avant J.C..
Je conclurai par une citation opportune du Texte des Sarcophages, incantation 1072, "Chant sur les chemins de Rostau (l'autre nom de Giza)" : "Ces chemins y sont confus, chacun est opposé au suivant. Seuls ceux qui les connaissent peuvent y trouver leur chemin. Ils sont au-dessus des murs de silex se trouvant à Rostau, à la fois dans l'eau et sur la terre".
Et je vous laisse une ultime question en guise de piste à suivre afin de vous faire patienter jusqu'au prochain numéro de TOP SECRET. Une question de taille. Pourquoi des bateaux de haute mer se trouveraient-ils aux pieds de la Grande Pyramide ? Trouver la réponse, c'est déchirer le voile du grand secret de Giza et détenir la première clé qui ouvre la première porte de la cité secrète...

Auteur : Antoine Gigal : phivortex@wanadoo.fr
RÉFÉRENCES
- Commentaries on the Eastern desert Petroglyphs, Richard Pierce.
- Pyramids and temples of Egypt, Flinders Petrie, Pelham Books, London, 1990.
- A history of Giza, necropoles I, II, Dr Georges A. Reisner, Cambridge, 1942.
- Ships of the Pharaohs, Bjorn Landstrom, Journal of nautical archeology.
- "The Solar boat of Chéops" Ahmed Kadry, 1986, Egyptian Antiquities org.
- The funerary boats of Khufu, Abdel Moneim Abubakr & Youssef Mustafa, International Journal of Nautical Archeology, vol 3.
- Mortar dating Project, Lehner, 1987.
- After 5.000 year voyage, world's oldest built boats deliver, Richard Pierce.
- Wrecfts & shipfinds of the Mediterranean, Prehistory & Antlqulty, Per Akesson, 2007.
- British museum, Encyclopaedia of underwater & Maritime Archeology.
- Revealing the second boat of pharaon Khufu by remote sensing, Project Dr Farouk el-Baz.
- www.reshafim.org.il/ad/egypt/timelines/topjcs/shipconstruction.htm

Antoine Gigal - TOP SECRET N°32 > Aout-Septembre > 2007
 
   

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